La bio manifeste pour être soutenue
Réunis près de l’Assemblée nationale, les acteurs de la bio sont venus réclamer davantage de soutien de la part du gouvernement.
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« Et on est bio, et on est bio, même si l’État ne nous aime pas nous, on est bio », martèle la cinquantaine d’agriculteurs bio réunis, ce 7 février 2024, près de l’Assemblée nationale. Rassemblés à l’appel de la Fnab (fédération nationale de l’agriculture biologique), ces derniers sont venus dénoncer l’immobilisme du gouvernement face à la situation de la filière biologique.
Soutenir les installations en bio
« Pour l’instant, l’agriculture biologique a été portée par la consommation, mais elle ne peut pas uniquement dépendre du choix des consommateurs, il faut que l’État soutienne ce mode de production comme il a soutenu les filières conventionnelles », se justifie Anne-Marie Loury, productrice de lait bio en Loire-Atlantique.
Pour l’agricultrice, dont une partie du lait est déclassée vers le marché conventionnel, les prix de vente ont chuté entre 10 et 20 % par rapport à l’avant Covid. Pourtant, cette dernière n’a pas pu bénéficier des dispositifs d’aide d’urgence déployés par l’État l’an dernier. « Il fallait cumuler une baisse d’EBE et de trésorerie, explique-t-elle. Quand on fait le choix de baisser les charges, l’EBE reste stable ».
L’éleveuse tire aussi la sonnette d’alarme sur le sort des jeunes installés : « Ceux qui se sont installés récemment ou envisagent de s’installer ont particulièrement besoin d’être soutenus […] l’État doit aussi réfléchir à des prêts garantis pour ceux qui souhaitent reprendre en bio car les banques sont assez frileuses pour financer des installations en bio ».
Application d’Egalim
Pour Gonzague Wattel, céréalier et producteur de légumes bio dans le Nord, l’application de la loi Egalim est indispensable. « Une partie de ma production est vendue en direct dans les lycées, explique-t-il. En discutant avec eux, on se rend compte que c’est très compliqué. Ils n’ont que la notion de prix et une appréhension par rapport au prix du bio. On vend des produits bruts et il y a encore peu de cuisiniers dans les lycées et collègues ».
L’agriculteur observe une baisse de 20 à 35 % de ses prix par rapport à 2019. « En même temps, nos charges ont augmenté. On a un effet ciseau terrible […], se désole-t-il. La déconversion devient un sujet d’actualité, ça commence, notamment pour les grandes cultures où certains collègues atteignent péniblement 1 000 €/ha ».
Rencontre des parlementaires
Différents parlementaires sont également venus prendre la parole pour défendre la filière. À l’instar de Delphine Batho, députée EELV des Deux-Sèvres qui a dénoncé « un hold-up de Phyteis et de Bayer » dans les dernières annonces du gouvernement. « Non aux pesticides, non à l’empoisonnement alimentaire, oui à l’agriculture biologique », a-t-elle scandé, promettant d’interpeller le ministre de l’Agriculture à ce propos dans les jours à venir.
Après une heure de protestations, la Fnab a annoncé qu’une délégation de producteurs bio était attendue pour rencontrer Marc Fesneau d’ici la fin de la journée.
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