Le saccage de milliers de pommiers crée le traumatisme
Les réactions sont nombreuses après l'arrachage de plus de 18 000 greffes de pommiers sur une parcelle en « déconversion » à Lavaur, dans le Tarn.
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« Quand on voit ça, on a envie de pleurer », déclare Bernard Mori, chef de culture au Domaine de Fontorbe, à Lavaur, dans le Tarn. « Ça », ce sont 9 300 pieds de pommiers, dont plus de 18 000 greffons ont été arrachés par « un commando » dans la nuit du 13 au 14 juillet 2023. Ces pieds se trouvent sur une parcelle de 2,8 hectares, en « déconversion bio », au cœur de ce domaine de 323 hectares qui emploie 100 salariés-équivalent temps plein.
Bernard Mori sort les chiffres : ce « saccage » de 90 % des pommiers de la parcelle entraîne de « lourdes pertes ». La production ne commencera pas l'année prochaine mais en 2025 et elle atteindra les 25 tonnes à l'hectare uniquement l'année suivante. « On a une année de perte sèche de production, 13 000 euros de main-d’œuvre et de mastic à greffer qui sont perdus et du travail à refaire, énumère le chef de culture. Ce sont trois mois de travail qui tombent à l'eau. Je pense aussi aux salariés qui avaient énormément bossé. Et on était content, parce que ça prenait bien... »
Cette action a été revendiquée, ce lundi, via un communiqué envoyé à la presse locale par un mystérieux collectif « Le Chardon », qui écrit notamment : « Une promesse de bio qui repasse directement en conventionnel n'est qu'un exemple de ce à quoi fait face une population entière : une agression actuelle, injustifiée, réelle, conduisant inévitablement à une défense nécessaire, simultanée et proportionnée. Vous avez créé un peuple en état de légitime défense. »
Un contexte local tendu
Une association environnementale locale, Vaurais Nature Environnement, qui a eu plusieurs conflits avec le Domaine de Fontorbe, a pour sa part immédiatement indiqué : « Nous déplorons l'action de destruction sur des vergers. » Cette association, qui a gagné récemment deux actions en justice contre l'exploitation qui produit des pommes et des kiwis, ajoute : « Même si nous condamnons la forme de l’action, nous comprenons le désarroi des habitants riverains des vergers qui subissent les impacts de l’exploitation sur leur santé et leur lieu de vie. »
Les réactions ont également été nombreuses dans le domaine politique, pour soutenir les agriculteurs. Dimanche, Bernard Carayon, le maire (LR) de Lavaur condamnait ces actes lors d'une visite sur place avec le président de la chambre d'agriculture du département, Jean-Claude Huc. Sur Twitter, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a dénoncé : « Voilà où mènent les excès verbaux et la désinformation sur des sujets qui ne supportent pourtant pas la caricature. »
Rappelons que le Tarn est particulièrement secoué par des débats parfois tendus entre écologistes et agriculteurs. C'est dans ce département que se trouve Sivens, et son projet de retenue avortée après la mort d'un manifestant, en 2014. Actuellement des militants écologistes sont mobilisés contre le projet d'autoroute A69, dont le trajet est prévu pour passer à moins de 10 km des vergers du Domaine de Fontorbe.
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