Agronomie "Le secret du bio, c'est la vie du sol"
En trente ans de métier, Guy Blanche n'a jamais étanché sa soif d'apprendre et est toujours en recherche de solutions pour réduire le travail du sol sur son exploitation bio.
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Guy Blanche est l’un des pionniers de l’agriculture biologique dans la Sarthe. Il a converti en 1992 son exploitation céréalière, qu’il gère avec son épouse Isabelle, . Quelques années plus tard, sa rencontre avec Friedrich Wenz, un agriculteur allemand qui conduit sa ferme en bio et sans labour, lui fait prendre conscience de l'importance de la vie du sol.
"À l'école, le sol était plutôt considéré comme un support de production", se souvient Guy Blanche. C'est ainsi qu'au fil de sa carrière, l'agriculteur a tenté des techniques, adapté son système, avec l'objectif de réduire le travail du sol. Un défi d'autant plus difficile à atteindre en agriculture biologique.
Le désherbage, un frein
"Quand j’ai démarré en bio, je conduisais les cultures comme quand j'étais en conventionnel, mais sans engrais chimique et sans produits de désherbage", se rappelle Guy Blanche. À l’époque, son assolement se compose de céréales, pois et tournesol. Au bout de quelques années, il constate que son système s'essouffle : le désherbage devient difficile à gérer, notamment la folle avoine, le rumex et le chardon, et nécessite beaucoup de travail du sol. L'agriculteur introduit alors des cultures fourragères, dont la féverole et le trèfle violet, et observe une amélioration vis-à-vis de la pression des chardons, mais pas des rumex.
À la recherche de solutions sur l'enherbement et la fertilisation, il se rend en Allemagne, accompagné de plusieurs producteurs voisins, sur l'exploitation de Friedrich Wenz. "On a écouté tout ce qu'il faisait : sans labour, TCS, semis direct... Ça a été un virage", affirme Guy Blanche. Le sarthois a à cœur d'améliorer ses connaissances, et lit beaucoup sur l'agriculture de conservation.
"Tout doucement, j'ai eu envie d'aller plus loin, de faire plus de travail superficiel, explique-t-il. Après la visite en Allemagne, j'ai décidé d'arrêter le labour sur une parcelle, pour voir. J'avais déjà essayé de m'en passer auparavant, mais cela s'était toujours conclu par un retour à la charrue." En 2013, il suit une formation sur le non-labour et le semis direct avec d'autres collègues en bio. "On a pris peur, devant le coût d'un semoir à semis direct, et la difficulté à mettre en place cette technique dans nos exploitations."
Couverts d'été
Guy Blanche a fait évoluer sa rotation au fil du temps : le trèfle violet laisse place à la luzerne, qui devient tête de rotation (voir encadré), sauf sur les parcelles acides, et le tournesol remplace le maïs. "La luzerne est le meilleur désherbant contre les chardons, et elle régule mieux le rumex", explique Guy Blanche. Il associe également les céréales à des protéagineux : le blé est semé avec de la féverole, le triticale avec du pois.
Il a également introduit des couverts."Au printemps, je sème la luzerne ou le trèfle dans le blé, et le couvert est en place à la récolte de la céréale. Cette technique m'épargne un déchaumage en été, et diminue ainsi l'érosion de mes sols. Je remplace les socs par les plantes", s'amuse-t-il.
S'il n'imagine pas faire du semis direct sur son exploitation, il est déjà satisfait du chemin parcouru dans la réduction du travail du sol. En témoigne sa consommation de carburant, qui, pour 80 ha, est passée de 6000 l/an à 4000 l/an, et qu'il aimerait encore diminuer à 3000 l/an. Pour cela, Guy Blanche tente cette année de se passer complètement de la charrue, qu'il n'utilisait plus que pour labourer la luzerne, avant de semer le blé associé à la féverole.
Cette année, il teste cependant une nouvelle technique. "Je scalpe la luzerne plutôt que de la labourer, puis je sème blé et féverole à la volée, comme une prairie", décrit-il. Jusqu'à présent, il semait la céréale en rang écarté, ce qui permettait de la biner. Le désherbage se fera désormais à la roto-étrille, et à l'écimeuse si besoin.
"J'ai compris que l'agriculture biologique, ce n'est pas seulement se passer des phytos et des engrais chimiques. C'est avant tout un sol vivant, qui améliore la fertilité des plantes", résume-t-il.
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