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Turquie Le bio a le vent en poupe Turquie Le bio a le vent en poupe

Depuis une quinzaine d’années, le pays a vu sa production biologique bondir. Le marché gagne du terrain dans les grandes villes, mais il est encore destiné majoritairement aux exportations.

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C’est sous un parking que la tentaculaire Istanbul accueille chaque samedi plus d’une centaine de stands au marché biologique Bomontin, dans le quartier aisé de Ferikoy Şişli. Hasan Karaman, venu de Malatya en Anatolie, y vend ses abricots secs. Pour lui, la production bio est avant tout une philosophie. « Je m’y suis mis il y a dix ans, raconte-t-il. Je n’utilisais pas beaucoup de pesticides, donc la transition n’a pas été difficile. » ̧̧

Une certification régulée

Le bio turc a le vent en poupe. Entre 2002 et 2014, la production totale est passée de 310 000 à 1,6 million de tonnes, soit 430 % d’augmentation, souligne Bugday, principale association du secteur. Le nombre de fermiers bio a bondi de 12 000 à 70 000. La Fédération internationale des mouvements de l’agriculture bio (Ifoam) estime que la Turquie comptait en 2012 plus de 500 000 ha en bio, soit 2,2 % de ses cultures. Le pays a même accueilli, en 2014, le 18e congrès international du secteur.

Deux logos apparaissent systématiquement sur les produits bio turcs. Le label du ministère de l’Agriculture, assorti de celui de l’une des vingt-quatre entreprises de certification privées turques ou étrangères habilitées à le délivrer. Seulement en 2015, l’une d’elles, Etko, est venue entacher le paysage. L’entreprise, basée en Turquie, s’est vu retirer son agrément par le Canada et l’Union européenne. Cette dernière lui reproche d’avoir abusivement certifié des produits importés d’Ukraine, contenant « des résidus non biologiques ». Pourtant, les producteurs se plaignent de contrôles drastiques et d’analyses coûteuses pour la certification. Même s’ils peuvent bénéficier de crédits à des taux d’intérêt nettement réduits.

Un marché d’export

« Il y a de nombreuses obligations, c’est très difficile, ça nous a pris deux ou trois ans pour obtenir le label », explique Saban Burhan, agriculteur venu de Bursa, au sud-est de la mer Marmara. Aujourd’hui, il avoue produire moins, mais s’y retrouve néanmoins financièrement. Et puis, « c’est une question de cœur », tranche-t-il.

« Le plus gros problème, c’est que la majorité des produits sont vendus à l’étranger », considère Hasan Karaman qui a, lui, choisi d’écouler sa production uniquement dans le pays. En effet, la Turquie est aujourd’hui l’un des premiers exportateurs bio vers l’Europe, d’après l’Institut de recherche de l’agriculture bio (FIBL), basé en Suisse. C’est d’ailleurs avec l’aide de l’UE que le ministère de l’Agriculture turc avait lancé un plan national pour le bio dès 2006. Les exportations totales du bio s’élevaient à 79 millions de dollars (70 M€) en 2014, selon Bugday. Si les points de vente se multiplient, le prix d’achat reste un frein au développement de la consommation dans le pays.

Cependant, la Turquie ne produit pas toutes les marchandises vendues dans les boutiques spécialisées. « Nous n’avons pas encore de bio turc sans gluten, ni de quinoa bio d’ici. Nous sommes obligés d’importer », regrette Sebnem Yilvaz, depuis sa boutique d’un quartier aisé.

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