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Réduire les intrants, à quel prix ? Réduire les intrants, à quel prix ?

Baisser les intrants ou passer en bio avec des rendements élevés demande une nouvelle conception du verger, avec un point clé, la densité de plantation.

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Diminuer les intrants, est-ce possible techniquement et est-ce rentable ? La station La Pugère (Bouches-du-Rhône) a étudié deux vergers plantés depuis 2010. L’un en golden, servant de référence en agriculture raisonnée, avec une densité à 2 000 arbres/ha. Le second, avec des consignes pour limiter au maximum les intrants (eau, fertilisation, phytos, temps de travail…), et une densité de 800 arbres/ha. Dans ce verger, deux variétés sont retenues : golden et Crimson Crisp (résistante à la tavelure). Afin de compenser la faible densité, les arbres sont greffés sur M7, porte-greffe plus vigoureux que M9 du verger référence. La dose de traitement est calculée en fonction du volume foliaire et non de sa surface, ce qui a eu pour effet de diminuer de 50 % les doses moyennes de phytos.

Une marge négative

Le désherbage est mécanique avec, en moyenne, deux passages sur le rang et deux sur l’interrang. « Nous avons limité le nombre de passages, même si cela complique les conditions de récolte », explique Vincent Lesniak, chargé d’études à la station. Le porte-greffe est très vigoureux et une baisse de 79 % d’azote, de 93 % de phosphore et de 50 % d’irrigation est possible, sans freiner le développement des arbres. L’IFT diminue considérablement : -  69 % en golden, - 82 % avec la variété résistante à la tavelure, et le temps de travail est divisé par deux.

Les rendements en kilos par arbre sont très bons : golden produit + 38 % et Crimson + 13 % que le verger classique. Mais, à cause de la faible densité, les rendements à l’hectare sont divisés par deux et le calibre est moindre (- 30 % en moyenne). Avec un prix de vente de 0,35 €/kg et un amortissement du verger sur vingt ans, la marge directe du verger bas intrant est de moins 1 226 €/ha pour golden et de moins 1 512 €/ha pour Crimson, au bout de dix ans. La rentabilité est encore plus basse avec le verger raisonné : moins 1 640 €/ha. « Le verger bas intrant atteindra peut-être plus rapidement l’équilibre économique. Mais pour que ce système soit viable, la production doit être mieux valorisée, au travers d’une filière spécifique, par exemple », ajoute Vincent Lesniak. En bio, le prix est multiplié par deux par rapport au conventionnel, alors pourquoi ne pas aller vers cette voie. Mais est-il possible de garder le même rendement qu’en conventionnel ?

Le bio à haut rendement

Sébastien Ballion, responsable des expérimentations pomme bio au Cefel (1) a mené un essai, où il atteint près de 70 t/ha, grâce à trois facteurs. D’abord la génétique, avec des variétés résistantes à la tavelure et qui s’éclaircissent facilement, comme la Dalinette ou l’Opal. Puis, la densité de plantation : 3 700 arbres par hectare, contre 2 500 habituellement, avec un écart de 3,6 m entre rangs. Les fruits sont moins nombreux par arbre, mais avec la haute densité, le rendement est équivalent. Le troisième facteur est l’enherbement maîtrisé et l’entretien mécanique du rang (lire l’encadré).

La moyenne des rendements sur cinq ans est de 61 t/ha pour Opal et 71 t/ha pour Dalinette. « Les rendements sont bons, entre 100 et 58 t/ha en Dalinette. Nous allons maintenant tenter de réduire cette alternance (variation de la production) et d’évaluer la durabilité de ce type de verger », conclut-il.

(1) Centre d’expérimentation fruits et légumes.

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