Login

Conversion Allonger la rotation et diversifier les cultures pour passer en bio

La conversion d’une exploitation de grandes cultures oblige à diversifier l’assolement, pour des raisons agronomiques et économiques (répartition des risques). Des cultures gagneront plus, d’autres moins qu’en conventionnel : c’est au niveau de l’assolement qu’il faut raisonner.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Construire son projet

Trois étapes pour mûrir sa réflexion

Vous êtes intéressé par la bio ? Les salons et « fermes ouvertes » permettent d’échanger avec ceux qui ont déjà franchi le pas, avant de contacter une structure d’accompagnement (Groupement d’agriculteurs biologiques [Gab], chambre d’agriculture…). Certaines régions ont mis en place un Pôle conversion bio qui regroupe tous les partenaires concernés (techniques et économiques) et oriente vers l’interlocuteur approprié. Un premier rendez-vous permet de présenter les cahiers des charges et les filières et de faire un tour de ferme. Au deuxième rendez-vous, on met sur papier une rotation, on évalue les investissements… Dernière étape : l’étude de projet complète et le plan de financement. Entre le premier et le dernier rendez-vous, on peut laisser mûrir son projet quelques semaines ou plusieurs années !

Quatre questions à se poser

Pour Guillaume Roussel, conseiller au sein de l’association Agriculture biologique en Picardie, il y a quatre points majeurs à étudier : « Les contraintes agro-pédo-climatiques (climat, type de sol, parcellaire…), car elles ne peuvent pas être corrigées en bio aussi facilement qu’en conventionnel ; les contraintes structurelles (les équipements, la main-d’œuvre et la santé financière de l’exploitation), car elles permettront ou non certaines évolutions du système ; l’environnement économique, car on produit en fonction des débouchés, et enfin les désirs du producteur, car c’est bien de son projet personnel qu’il s’agit. Il faut, par exemple, réfléchir au travail : il y a moins de pics de travaux mais ceux-ci sont plus étalés, du fait de la diversification des cultures. Et s’il y a des cultures en mélange et du triage à la ferme, il y aura davantage de travail en post-récolte. »

Miser sur la prairie

« Il n’y a pas de rotation bio agronomiquement équilibrée sans prairie, assène Guillaume Roussel. Quand on n’a pas d’élevage, il y a trois options : la vendre à une centrale de déshydratation, mais cela exporte beaucoup d’éléments minéraux (potasse), l’échanger à un voisin contre du fumier, car le système polyculture-élevage reste l’idéal, ou bien la broyer pour la restituer au sol. » Pas facile d’accepter qu’une partie de l’assolement ne génère pas d’argent… Mais la prairie agit comme une assurance rendement pour les cultures suivantes, car elle va améliorer la fertilité et la structure du sol et permet de gérer les risques d’enherbement.

Gérer la période de conversion

Les cultures sont certifiées bio si elles sont implantées sur une terre elle-même « bio », donc semées au moins 24 mois au-delà de la date de conversion. En attendant, elles sont vendues en conventionnel la première année (C1), et en conventionnel ou en bio pour l’alimentation animale la deuxième année (C2).

Pour avoir le plus rapidement des cultures payées en bio, mieux vaut se convertir en octobre. En revanche, on aura une forte baisse de rendement en C1 et il faudra patienter un an et demi avant de toucher les aides. Si on se convertit en mai, on a le temps d’apporter des engrais juste avant, qui permettront d’avoir en C1 les mêmes rendements qu’en conventionnel et de toucher les aides bio six mois après, en décembre. Mais il faudra attendre davantage pour vendre ses cultures en filières labélisées AB.

La période de conversion, normalement facilitée par les aides, est toujours délicate. « Si on convertit tout d’un coup, les rendements ne seront pas là tout de suite, et les prix non plus, souligne Guillaume Roussel. L’idéal en grandes cultures, sur les plans technique et financier, est de convertir en trois fois, tous les deux ans : cela permet de dérouler la rotation derrière la prairie, donc d’assurer les rendements, tout en se faisant la main. »

[summary id = "10038"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement