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Agriculteurs-inventeurs « Je construis et adapte mes outils de semis et déchaumage »

Lilian Marteau n’hésite pas à fabriquer des machines ayant un rôle clé dans son itinéraire technique. Il a construit un semoir à céréales avec un écartement adapté pour le binage et transformé un déchaumeur porté en semi-porté.

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« Le poste à souder semi-automatique est largement amorti », annonce Lilian Marteau en présentant son atelier. Le jeune agriculteur de 28 ans exploite 170 ha de cultures à Paisy-Cosdon, dans l’Aube. Il mutualise les tracteurs et machines avec son père Hugues qui cultive une surface équivalente. Une partie du parc de matériel a été fabriquée ou modifiée par Lilian.

 

Le semoir à céréales à écartement de 22,5 cm est utilisé sur les exploitations du père et du fils à chaque campagne depuis sa réalisation. © L. Marteau

Recyclage d’un semoir brûlé

Après s’être fait la main sur du petit matériel (lire l’encadré), il a fabriqué en 2019-2020 un semoir à céréales avec vingt-six éléments semeurs écartés de 22,5 cm pour le désherbage mécanique. « Une partie de la surface que l’on exploite est en bio depuis quelques années, explique Lilian. Nous sommes par ailleurs engagés dans des démarches Déphy depuis plus de dix ans. »

La machine prend pour base un châssis de semoir Roger qui a été débarrassé de tout ce qui reposait dessus par l’agriculteur aubois. Il a ajouté une tête de distribution Accord et des éléments semeurs issus d’un semoir Sulky Xeos Pro brûlé, acheté au rabais. Lilian a remplacé les roulements et cache-poussières par des éléments neufs. Ils reposent sur une extension arrière du châssis fabriquée dans l’atelier de la ferme.

 

Grâce au semoir autoconstruit, un binage des céréales est permis. Il est réalisé par une machine Phénix guidée par caméra et gérée en Cuma. © G. Baron

Quatre roues de jauge ont été ajoutées. Elles sont fixées sur des troisièmes points d’attelage, répondant ainsi à un objectif de réglage facile. Des roulettes de contrôle de profondeur ont également été placées au niveau des éléments. Ces derniers sont à disques afin de s’adapter à de multiples terrains et conditions de semis. « L’outil est souple en termes d’utilisation. Pour davantage de flexibilité, nous venons d’acquérir une trémie frontale compartimentée. Cela pourra servir pour l’implantation de cultures associées ou d’engrais au semis. » Pour que les éléments pénètrent sans difficulté dans le sol, Lilian a ajouté 700 kg de masse. Il a aussi monté des traceurs. « Ils ne servent pas beaucoup, car on travaille au GPS, explique le jeune agriculteur. Mais dans certaines zones, cela trouve ses limites. En lisière de bois par exemple. »

 

Le déchaumeur porté a été transformé en machine semi-portée par Lilian Marteau. © L. Marteau

Vers davantage de désherbage mécanique

Depuis deux ans, ce semoir a été utilisé à chaque campagne de semis de blé et d’orge. « Nous avons pour objectif de faire plus encore de désherbage méca­nique, glisse Hugues. Y compris sur les terres cultivées en conventionnel. »

Un deuxième outil essentiel du parc de matériel des Marteau est passé entre les mains de Lilian, équipé du poste à souder. Il s’agit d’un déchaumeur Allrounder porté de 6 m de marque Köckerling. Celui-ci est équipé d’une tête de distribution et les exploitants s’en servent aussi pour semer des couverts ou des blés qui ne seront pas binés.

 

Les éléments semeurs ont été récupérés sur un semoir Sulky d‘occasion. Ils ont été installés par Lilian sur une structure fabriquée maison. Pour garantir l’entrée dans le sol de la barre de semis, il a ajouté 700 kg de masses, visibles au centre de l’image. © G. Baron

Lorsqu’elle est arrivée à la ferme, cette machine était attelée en trois points. Lilian l’a modifiée pour en faire une semi-portée. « À vide, le déchaumeur atteignait presque 3 t, explique-t-il. Au travail, les roues du rouleau gorgées de terre alourdissent le tout. Cela impliquait de mettre 2 t de masse à l’avant. » Il a donc construit une flèche avec un châssis hydraulique à roues pour délester le tracteur lors du transport.

Réduire les charges

Pour la peinture et l’hydraulique, Lilian a fait appel à des professionnels. « C’est un métier, cela demande une technicité et un matériel que je n’ai pas. » En intégrant ces prestations, le semoir à céréales a coûté un total de 8 800 € et l’adaptation du déchaumeur-semoir n’excède pas 6 000 €. « La version semi-portée de série coûte 17 000 € de plus que la portée, explique Lilian. J’y ai passé beaucoup de temps mais on s’y retrouve. C’est un moyen de réduire nos charges de mécanisation. »

 

Cette image prise peu avant la finition montre la partie ajoutée par Lilian (en gris) sur la machine existante (en bleu). © L. Marteau

Ces équipements « maison » jouent un rôle clé dans les réductions de traitements et de travail du sol que mènent le père et le fils. Gildas Baron

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