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« Avec le photopériodisme, j’ai amélioré la reproduction des agnelles »

David Argentier, éleveur ovin bio à Saint-Saturnin-de-Lenne (Aveyron), a mis en place le photopériodisme pour ces agnelles, ce qui a nécessité un faible investissement.

Dans l’Aveyron, le Gaec des Calsiers a testé avec succès le photopériodisme sur ses agnelles luttées en contre-saison.

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Il est fréquemment avancé que la lumière contribue à restaurer le moral. David Argentier, qui élève 610 brebis lacaunes, ainsi qu’une centaine d’agnelles et 40 béliers, à Saint-Saturnin-de-Lenne (Aveyron), a pu le constater lorsqu’il s’est lancé dans le photopériodisme sur ses agnelles luttées en contre-saison. Concrètement, comme il l’a expliqué lors d’une rencontre Innov’Action – une journée technique organisée par la Chambre d’agriculture –, il réduit progressivement l’exposition à la lumière de ses agnelles avant d’introduire le bélier en fin de cycle, en s’appuyant sur « l’effet bélier » pour stimuler les chaleurs. « Cette méthode est parfaitement compatible avec le cahier des charges bio, qui interdit l’utilisation d’hormones, souligne l’éleveur. Et les résultats sont au rendez-vous ! ».

David s’est décidé après une année 2022-2023 « catastrophique », avec seulement 29 % de ses agnelles pleines, raconte-t-il. L’éleveur se forme donc au photopériodisme, s’entoure de l’expertise d’Unotec – le service ovin de la Chambre d’agriculture de l’Aveyron – et se lance. Pour ses agnelles de race lacaune, le protocole lumineux est précisément défini : 16 heures de lumière par jour du 26 décembre au 6 mars, puis 12 heures jusqu’au 25 avril, date du début de la lutte. L’exposition est ensuite réduite à 10 heures jusqu’au 15 juin, puis à 8 heures jusqu’au 31 juillet. « L’idée consiste à mettre les agnelles d’abord en situation de jours longs pour qu’elles soient ensuite stimulées par les différents paliers », indique Lucie Loubière, référente agriculture biologique à Unotec.

Un aménagement simple et efficace

En début de parcours, il faut donc « faire le jour », selon les termes de la conseillère. 200 lux doivent arriver à l’œil des animaux. « Même par temps gris dehors, nous atteignons 200 lux, reprend-elle. Donc ce n’est pas incompatible avec le pâturage ». David Argentier est passé de 8 à 16 néons dans son bâtiment de 400 m2. Il a également fait installer une horloge réglable manuellement.

Plus le temps passe, plus l’enjeu est de « faire le noir » dans la bergerie. Un noir complet. Le Gaec aveyronnais a opté pour des bâches qu’il fixe aux fenêtres. « Ce n’est pas coûteux mais c’est plus embêtant à installer, admet l’éleveur. Pour ce faire, il faut une demi-journée à deux. »

Les techniciens du service ovin de la chambre d'agriculture (Unotec) se sont assurés que 200 lux de lumière arrivent à l’œil des animaux. (©  Christophe Zoia)

L’investissement reste modeste : 1 550 euros HT d’installation du bâtiment, auxquels s’ajoutent environ 150 euros annuels de consommation électrique. « Tout cela est vite amorti », se félicite l’éleveur.

Mais attention, insiste Lucie Loubière, « tout cela fonctionne bien si les éleveurs suivent les bonnes pratiques liées à la reproduction. L’âge des agnelles constitue le premier critère. Elles doivent avoir au moins 8 mois à la lutte. Le photopériodisme n’efface pas du tout l’effet âge. » Par facilité, David achète ses agnelles, qui sont donc luttées à 14 mois, ce qui explique aussi la réussite de la reproduction. Par ailleurs, « il faut viser les deux-tiers du poids adulte à la lutte, soit environ 50 kg », poursuit la spécialiste.

L’effet bélier, un complément indispensable

L'« effet bélier », combiné au photopériodisme, est selon l’éleveur « sans aucun doute » ce qui a permis à l’exploitation aveyronnaise de passer d’une « année noire » à 29 % de gestations réussies à 96 % d’agnelles pleines l’année suivante, avec un regroupement des mises bas facilitant le travail. Cet « effet bélier » consiste à créer un choc hormonal chez les femelles en réintroduisant subitement les mâles après une période de séparation. Les femelles sont éloignées des mâles pendant deux mois. Puis, « deux semaines avant la lutte, je mets le bélier dans un enclos entre les agnelles et les brebis », explique David. Les brebis, agnelles et béliers sont également tondus environ deux semaines avant la lutte. Les mâles sont complémentés en huile de foie de morue, les femelles en avoine. Attention aussi au nombre de béliers : en contre-saison, il faut compter un mâle pour 20 femelles. Au Gaec des Calsiers, le ratio est d’un pour 17.

David a pu vérifier l’efficacité de sa méthode. « Il y a deux ans, j’ai dû séparer une partie de mon troupeau en deux. La partie qui a bénéficié du photopériodisme et de l’effet bélier a eu quasiment 100 % d’agnelles pleines contre environ 50 % sur l’autre site. »

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