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Des adventices différentes en agriculture de conservation des sols

Le ray-grass et le vulpin font partie des adventices favorisées en agriculture de conservation des sols.

Avec la réduction du travail du sol, la couverture végétale et la diversification des cultures, la sélection des adventices en agriculture de conservation peut changer par rapport aux autres systèmes de production.

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Historiquement étudiée en sol travaillé, la malherbologie, c’est-à-dire l’étude scientifique des adventices, se développe de plus en plus dans d’autres systèmes de production, notamment en agriculture de conservation des sols (ACS). L’Apad, Association pour la promotion d’une agriculture durable, a récemment partagé les travaux de l’Inrae (1) de Dijon sur ce sujet.

Un rôle pour chaque pilier de l’ACS

Avec la réduction du travail du sol, la répartition des graines adventices dans les horizons est différente des systèmes conventionnels. En effet, « de 75 à 90 % des graines se trouvent entre 0 et 5 cm, souligne l’Apad. Le risque est donc d’avoir un très fort potentiel de levée d’adventices mais, en même temps, une possible augmentation de la prédation par tous les granivores », ajoute l'association.  Les résultats de recherche sur la prédation restent néanmoins très variables : « Il y a plus de prédateurs […] et une quantité prédatée plus importante. Mais on ne sait pas si cela est suffisant pour diminuer les stocks. » Malgré ces incertitudes, les travaux de l’Inrae ont montré une réduction de presque 26 % des levées d’adventices avec des graines en surface.

La couverture des sols induit a priori une compétition pour la lumière et les nutriments. Les résultats de recherche montrent en effet une baisse de 17 % des levées d’adventices avec cette modalité. Mais pour agir le plus efficacement possible, les chercheurs alertent sur la nécessité d’un couvert bien spécifique : dense (d’au moins 80 % de la surface), peu diversifié et fauché régulièrement (dans le cas d’un couvert permanent avec vivaces).

Enfin, la diversification des cultures dans la rotation peut jouer sur la sélection des adventices par rapport à « l’ancienneté » du système en ACS. En phase de transition (moins de cinq ans), les cultures d’automne sont plutôt privilégiées, amenant une sélection des adventices d’automne. Par la suite, de nouvelles cultures enrichissent la rotation, rendant possible la rupture des cycles des adventices et l’utilisation de nouvelles familles d’herbicides.

Évolution de flore

Les chercheurs observent donc une évolution de la flore en fonction du temps de pratique de l’ACS : dans les premières années, le nombre de nouvelles espèces tend à augmenter, avec une sélection des formes pluriannuelles, plus compétitives au stade jeune ou encore plus tolérantes à l’ombrage. Ce qui explique la hausse des indices de fréquence de traitement herbicides en phase de transition. Entre 5 et 10 ans, la tendance est toujours à une augmentation du nombre de nouvelles espèces mais sans cette fois de « changement dans la composition taxonomique/fonctionnelle ».

À plus de 10 ans, on observe « toujours une augmentation de la diversité […] et plus ou moins les mêmes adventices sur toute la ferme à rotation identique ». En termes d’espèces, le vulpin, le ray-grass, le brome, le pâturin annuel ou encore le pissenlit, tendent à être favorisés. À l’inverse, la folle avoine, la moutarde des champs, le mouron des champs ou encore la stellaire seraient pénalisés.

(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

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