« Les éleveurs n’ont pas atteint leur seuil de rentabilité une seule fois sur les douze derniers mois », alerte Inaporc, dans un communiqué publié le jeudi 9 juin 2022. Selon l’interprofession, la filière porcine traverse « une crise sans précédent, d’une intensité et d’une durée inédites. Les éleveurs n’ont pas atteint leur seuil de rentabilité une seule fois sur les douze derniers mois ».

 

Inaporc constate en effet que le prix de l’aliment a flambé de 25 % en un an, quand, de son côté, le prix du porc payé aux éleveurs « ne progresse que très lentement ». Ce dernier « est arrivé à un palier depuis la mi-avril, à 1,85 €/kg, alors que le coût de production devrait franchir la barre des 2 €/kg, chiffre Inaporc. […] Désormais, seule une revalorisation rapide des prix payés aux éleveurs pourra limiter les conséquences dramatiques de cet effet ciseaux. »

 

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« La situation ne cesse de s’assombrir »

Car le plan d’urgence pour la filière porcine, annoncé au début de l’année par Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, n’a pas suffi à redresser la situation. « Ce soutien exceptionnel visait à compenser une partie de leurs [les éleveurs, NDLR] pertes subies au premier semestre de 2022, misant sur une reprise des cours dès ce printemps alors qu’aujourd’hui la situation ne cesse de s’assombrir », analyse l’interprofession.

 

Elle estime que « la guerre en Ukraine accélère la flambée des coûts de l’aliment ». Par ailleurs, Inaporc souligne également que la présence de la peste porcine africaine en Allemagne et en Italie « entraîne la stagnation, voire la régression, des prix du porc en Europe en raison des stocks constitués par l’arrêt des exportations ».

 

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L’aval également sous tension

Au-delà du maillon élevage, « les entreprises de l’aval (abattoirs et entreprises de transformation) subissent une flambée des coûts des intrants (énergie, emballage, main-d’œuvre…), rapporte Inaporc. La profession est très inquiète sur l’avenir de nombreuses entreprises de l’aval si les prix de vente ne sont pas revalorisés. »

 

Et si la France produit aujourd’hui l’équivalent de 106 % de sa consommation de viande porcine, « la souveraineté alimentaire du pays en la matière est en jeu, prévient l’interprofession. […] La situation est urgente, car il s’agit de continuer à proposer du porc français aux consommateurs ». Même avec une revalorisation des prix, Inaporc considère que « le porc restera la viande la plus accessible du marché ».

 

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