Le sujet a fait surface le 13 juin 2025, lors du congrès de la Fédération nationale porcine (FNP). La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, interpellait directement le président du syndicat, François Valy : « J’ai bien entendu que vous n’étiez pas véritablement emballé par les contrats sanitaires de filières. » Mais le dirigeant s’en est immédiatement défendu : « Ce n’est pas nous, la FNP. C’est au niveau de l’interprofession, il n’y a pas le consensus aujourd’hui. »

Inaporc est en proie à des divisions internes qui bloquent la signature du contrat sanitaire de filière réclamé par le ministère de l’Agriculture dans le cadre des Assises du sanitaire. Ces dernières, lancées en janvier 2025 par le ministère de l’Agriculture, appellent toutes les parties prenantes du secteur de l’élevage à mener une réflexion de fond sur le système sanitaire en matière de gouvernance, de financement, de stratégie et de partage de responsabilité entre l’État et les filières.

Pression ministérielle

« Il faut convaincre l’interprofession d’y aller, a répondu Annie Genevard, durcissant le ton. L’État ne pourra plus être au rendez-vous du financement de la vaccination, de la prévention, de la surveillance… Ce n’est pas possible, nous sommes dans une situation budgétaire qui ne le permettra plus. »

Selon des sources au sein d’Inaporc, des représentants de l’aval redoutent de devoir mettre la main au portefeuille en cas de complications sanitaires, notamment, en cas de survenue de peste porcine africaine (PPA) sur le territoire français. Ces sources constatent un manque de proactivité en l’absence de crise immédiate, avec des maillons qui adoptent plutôt une posture attentiste. D’ailleurs, à l’assemblée générale d’Inaporc, le 17 juin 2025 à Paris, le sujet des Assises du sanitaire a à peine été effleuré, et ne figurait pas dans le discours de clôture du président.

Financement partagé

Les différents collèges partagent néanmoins un dénominateur commun : la conviction que l’interprofession ne sera pas en capacité, seule, de faire face financièrement à une pandémie majeure. « Nous ne voulons pas que ces Assises du sanitaire soient un moyen pour l’État de se désengager financièrement, a souligné le vice-président de la FNP, Thierry Marchal, interrogé par La France Agricole. Si demain la PPA arrive sur le territoire, la filière n’a pas à combler les pertes : elle n’en a pas les moyens. L’État doit s’engager là-dessus, c’est son devoir. »

Une position qui contraste avec les travaux rendus à la fin de 2024 par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), qui dresse un diagnostic de l’organisation sanitaire actuelle dans les filières. Le rapport aborde notamment la question de la responsabilité financière en cas de crise, en explorant des pistes de cofinancement associant interprofessions et État.

À ce stade, la profession porcine insiste sur l'impact économique que pourraient avoir des crises sanitaires majeures, ce qui alimente ses réticences à financer les maladies réglementées et renforce ses exigences de voir l’État demeurer le principal, voire l’unique, contributeur.