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Marchés 2019, l’année de tous les risques

El Niño, le phénomène climatique redouté dans le Pacifique, pourrait à nouveau venir perturber les marchés agricoles dès le début de l’année. © Nasa

Guerres commerciales, épidémies animales, et tempêtes : de nombreux facteurs sont susceptibles de déstabiliser les marchés dès le début de l’année prochaine selon les experts.

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« Difficile, de se souvenir d’une autre période avec autant de menaces sur les prix agricoles, sur autant de fronts », estime Stefan Vogel, directeur des marchés agricoles chez Rabobank. Coauteur du rapport annuel de la banque néerlandaise sur les perspectives des marchés, il liste les facteurs à suivre sur les marchés pour l’année à venir :

Le soja sous les feux de la rampe

Le feuilleton oléoprotéagineux occupe les analystes depuis déjà de nombreux mois. « Alors que la Chine se tourne vers de nouvelles origines, les agriculteurs étasuniens pourraient voir leurs stocks doubler et atteindre des records avant la campagne 2018-2019 », rappelle la Rabobank dans un communiqué.

Si les Brésiliens, grands producteurs de soja, se réjouissent, d’autres pourraient pâtir des prix soutenus par ces tensions, et notamment le secteur de l’élevage, « avec des fourrages aux coûts plus élevés ». Les producteurs porcins, cependant, pourraient bénéficier d’une hausse concomitante de la demande.

Dans la mesure où les Américains ne peuvent plus accéder au marché chinois, de nouvelles opportunités existent « pour le Brésil, le Canada, et l’Union européenne, qui chercheront tous à remplir la demande en porc sur le marché chinois ». Une situation renforcée par un dollar dont le cours n’a jamais été aussi haut depuis dix-huit mois, rendant les produits made in USA bien moins compétitifs sur la place internationale.

La peste porcine africaine progresse

Pour Justin Sherrard, analyste monde en protéines animales au sein de la même banque, « l’apparition de nouveaux foyers d‘épidémies ne montre aucun signe de ralentissement, spécialement en porc et en volaille ». Ces crises, pense-t-il, encourageront certainement les consommateurs à se tourner plutôt vers le bœuf ou le poisson et les fruits de mer.

La peste porcine africaine est susceptible d’entraîner en Chine, une baisse de la production, une hausse des prix et un renforcement des importations. Le développement de nouveaux foyers européens de la maladie pourrait toutefois empêcher les producteurs de l’Union européenne de répondre à cette demande. « L’histoire est identique en volailles, poursuit la Rabobank, alors que le risque grandissant de grippe aviaire continue […] de provoquer une forte volatilité sur les flux d’échanges. »

El Niño viendra également pimenter la situation des marchés en 2019, avec « 80 % de chance de se déclarer avant la fin de l’hiver dans l’hémisphère Nord ». Ces tempêtes, avec les précipitations apportées, pourraient favoriser la production américaine de blé. Mais au sud du continent, et dans le Pacifique, elles pourraient mettre en difficulté la production d’huile de palme. Leurs influences se feront donc peut-être sentir sur les marchés européens d’oléagineux dès le printemps.

Ivan Logvenoff

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