Marché des céréales Pas d’effet sur les prix des ventes à l’Arabie
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Blés : contrat entre la Russie et le Brésil
Faible variation cette semaine pour les prix français du blé qui restent proches de 150 €/t à Rouen (inchangés) et de 160 €/t sur l’échéance de mars 2018 d’Euronext (–1 €/t).
Les prix restent en effet comprimés par la férocité de la compétition à l’exportation : de la part de la Russie qui affiche record sur record en termes d’exportations mensuelles mais aussi de la part des USA qui viennent d’empocher une nouvelle vente de blé HRW (blé meunier) à l’Algérie au cours de cette semaine (120 000 tonnes) à la suite de leur regain d’attractivité. Les blés HRW sont touchés cette année par leur faiblesse en protéines. D’habitude,, ils affichent des taux de protéines supérieurs à 13 % (en pourcentage de la matière sèche) alors que cette année, la part des blés à taux plus proches de 12 % (voire inférieurs) est importante. Cela pose un problème pour le marché US mais convient tout à fait à la meunerie algérienne.
La Russie, de son côté, se montre depuis le début de la campagne très présente sur l’ensemble du pourtour méditerranéen et de l’Asie. La présence des blés russes restait encore timide en Amérique du Sud mais le Brésil vient cette semaine d’autoriser leur importation. Cela représente un danger pour les blés argentins et US qui devront, sur ce front-là aussi, s’efforcer de rester compétitifs. Chicago ne s’y est pas trompé, repartant à la baisse cette semaine juste après le petit soubresaut lié à la vente algérienne et aux inquiétudes climatiques. Les grandes plaines de blé d’hiver sont en effet sèches aux USA et cela laisse planer un risque sur les rendements si le printemps ne permet pas de rattraper la situation. Cette semaine, l’USDA (ministère de l’Agriculture américain) a d’ailleurs revu à la baisse la prévision des exportations US et en hausse la prévision des stocks.
La France, quant à elle, vient de décrocher quelques ventes de blé à l’Arabie Saoudite grâce à son bon millésime, 2017. Néanmoins, malgré cela et une légère révision à la baisse de la récolte de 2017 par Agreste (service de la statistique du ministère de l’Agriculture français) à 37 Mt, la situation reste lourde et les perspectives de remontée des prix très faibles.
Orge fourragère : petite hausse
Les orges fourragères se sont légèrement renchéries à Rouen cette semaine gagnant 1 €/t, à 146,75 €/t. Cela reflète leur bon positionnement face aux orges concurrentes de la mer Noire, dans un marché bien animé cette semaine par des achats de la part de la Turquie et de la Jordanie.
La France et l’UE sont parties pour exporter nettement plus que l’an dernier en raison de la réduction des disponibilités exportables australiennes et argentines. Néanmoins, les orges françaises restent bien moins attractives en alimentation animale que l’an dernier où elles subissent la concurrence du blé, ce qui vient limiter les hausses de prix potentielles.
Peu de changement sur le créneau brassicole, à 154 €/t Fob Creil pour les orges d’hiver et 198 €/t pour les orges de printemps. La prime des orges brassicoles de printemps par rapport aux orges fourragères est restée soutenue par les intempéries qui ont touché l‘Australie.
Maïs : pluies en Amérique du Sud
Il a plu en Amérique du Sud cette semaine et cela a pesé sur le prix des maïs brésiliens et nord-américains qui ont abandonné 2 à 3 $/t (155 $/t Fob pour le maïs brésilien). En France, le ministère de l’Agriculture a revu la récolte à la hausse même si l’estimation officielle à 13,7 Mt semble encore sous-estimée (de 500 000 tonnes environ).
L’ensemble de ces facteurs a conduit à la baisse les prix français sur la façade atlantique, à 151,75 €/t (–1,5 €/t sur la semaine). Les prix ukrainiens, en revanche, sont restés impassibles, soutenus par des ventes à la Chine. Malgré tout, la situation mondiale demeure très lourde et seule une sécheresse forte en Amérique du Sud dans les mois qui viennent serait de nature à faire remonter les prix.
Les cours du soja chutent avec le rapport de l’USDA
Les cours du soja sur le marché à terme de Chicago ont reculé tout au long de la semaine, et finissent au 14 décembre avec une baisse de 9 $/t par rapport aux cours du 7. Les opérateurs ont ajusté leurs positions dans l’attente du rapport de l’USDA (paru mardi), qui a ensuite confirmé le mouvement baissier. Les analystes du ministère US ont en effet diminué leur prévision d’exportation, tandis que les prévisions de production en Amérique du Sud sont inchangées.
Cependant, nous pensons que les prévisions de vente nord-américaines sont encore beaucoup trop optimistes, car une hausse est prévue par rapport à 2016-17, alors que les ventes sont très en retard (d’environ 15 % au 7 décembre). Les prix gardent donc un potentiel de baisse important, sauf en cas d’accident climatique sur les récoltes sud-américaines, dont la probabilité s’éloigne (des pluies sont arrivées en Argentine, et d’autres devraient suivre).
Les prix du colza poursuivent leur dégringolade
Pour la sixième semaine d’affilée, les prix du colza reculent sur le marché français, et la chute est assez marquée cette semaine. Le prix rendu Rouen perd ainsi 10,5 €/t, tandis que le colza Fob Moselle perd 9,5 €/t. Sur le marché à terme, les cours sur Euronext sont en recul de 7,5 €/t, à 358 €/t. Les prix français ont été en partie pénalisés par la hausse de l’euro face au dollar, mais aussi par des événements de nature baissière ailleurs dans le monde.
En effet, les cours des huiles poursuivent leur recul cette semaine, faisant suite à la publication des chiffres de stocks d’huile de palme en Malaisie qui sont à la hausse – encore plus que prévu. Par ailleurs, les prix du canola canadien perdent eux aussi 9 $/t cette semaine, dans le sillage du soja et faisant suite à l’annonce la semaine dernière de disponibilités très supérieures aux attentes au Canada. La récolte australienne a par ailleurs été revue légèrement à la hausse par l’office de la statistique Abares, ce qui pourrait permettre des exportations élevées vers l’UE.
Le prix du tournesol est à la baisse de 5 €/t cette semaine, à 315 €/t à Saint-Nazaire, dans le sillage des huiles.
Rechute du prix des tourteaux
Le prix du tourteau de soja sur le CBOT (marché de Chicago) est en baisse de presque 14 $/t cette semaine, à 354 $/t. Les pluies en Argentine ont rassuré en partie les opérateurs, et le prix de la protéine suit donc à la baisse celui de la graine. Avec la hausse de l’euro cette semaine, les prix français corrigent fortement à la baisse, avec la cotation à Montoir à 322 €/t (–18 €/t).
Le prix du pois fourrager est inchangé cette semaine à 175 €/t départ Marne, tandis que le prix du pois jaune rendu Rouen est très légèrement à la hausse à 185 €/t (+3 €/t), bénéficiant d’une correction après la forte chute de la mi-novembre.
À SUIVRE : rythme de vente des sojas US, climat en Amérique du Sud, récolte de canola et de céréales en Australie, taux de change, situation logistique en Russie.
Tallage
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