Communication/Société Les syndicats n’élèvent pas assez le débat
Les rapports entre citoyens et agriculteurs se sont distendus puis tendus. Ce « désamour » se creuse sans que les représentants syndicaux agricoles n’arrivent à communiquer, pointe la philosophe Catherine Larrère. Ils parlent avec des arguments techniques et économiques, alors que la société attend un discours sur les valeurs portées par l’agriculture.
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« Agriculture-société, je t’aime, moi non plus », était le thème des débats des 26es Assises de l’association « Sol et Civilisation », le 23 novembre à Paris. La philosophe Catherine Larrère, invitée à décrypter le désamour qui s’est progressivement installé entre citoyens et agriculteurs, n’a pas épargné les représentants syndicaux de la profession.
Sur des sujets d’incompréhension (destruction des stocks en cas de surproduction) ou d’inquiétude (algues vertes, glyphosate), leurs réponses ne sont pas à la hauteur, estime-t-elle : « Quand j’entends sur France Inter qu’un agriculteur veut utiliser le glyphosate pour la seule raison que sinon c’est l’Espagne qui prendra son marché, je suis choquée. »
Parler d’engagement, pas d’argent
« Ils parlent avec des arguments techniques et économiques, et jamais sur le niveau symbolique ou éthique », déplore la professeure émérite à l’université Panthéon-Sorbonne, spécialisée dans la philosophe de l’environnement. Regrettable erreur que n’ont pas commise les agriculteurs bios, puisqu’ils ont su communiquer sur leurs « valeurs » : « autonomie, convivialité, santé, environnement », cite-elle en exemple.
« En se repositionnant sur les valeurs, et non sur l’efficacité technique et l’efficience économique », leur parole porte mieux et est entendue par leurs concitoyens.
Sophie BergotPour accéder à l'ensembles nos offres :