Biodiesel Saipol annonce une baisse de ses activités
Saipol, filiale du groupe Avril, a annoncé le 6 octobre le recours à l’activité partielle sur ses sites de production de biodiesel et de trituration en 2018. En cause : la « menace du biodiesel argentin » et le contexte de marché « fortement dégradé ».
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« La baisse marquée de la production concernerait, à compter du mois de février 2018, l’ensemble des cinq usines d’estérification de Saipol en France », signale la filiale d’Avril. Autrement dit les usines de Grand-Couronne (Seine-Maritime), Bassens (Gironde), Le Mériot (Aube), Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et Sète (Hérault). Les activités de trituration sur plusieurs de ces sites sont également concernées.
Le dispositif d’activité partielle court sur six mois renouvelables à partir de février 2018, et concerne environ 250 des 600 salariés de Saipol, selon un représentant de la direction interrogé par l’AFP.
Saipol explique que ce projet doit permettre « d’adapter temporairement sa production à une situation de marché fortement dégradée et menacée par l’arrivée massive de biodiesel argentin sur le marché européen, tout en préservant l’emploi ».
Le 7 septembre dernier, la Commission européenne annonçait en effet sa volonté de réduire ses taxes à l’importation sur le biodiesel argentin à compter du 28 septembre 2017. Elle avait érigé en 2013 une barrière douanière contre les biocarburants en provenance de ce pays mais elle avait été désavouée par l’Organisation mondiale du commerce.
« Aggravation de la situation »
Alors que Saipol et le marché français des biocarburants subissent depuis 2015 une dégradation persistante des conditions économiques et réglementaires de marché, la décision de la Commission européenne « aggrave considérablement la situation » exprime la société. « D’autant qu’au même moment, les États-Unis ont mis en place, au titre des règles antisubventions, des droits de douane dissuasifs à l’encontre de ce même biodiesel argentin, rendant impossible son exportation vers ce pays », précise Saipol.
Et d’ajouter : « Le biodiesel argentin est désormais vendu sur le marché européen à un prix nettement inférieur au prix de l’huile végétale de soja utilisée pour le produire (jusqu’à 60 dollars d’écart) et à un prix équivalent, voire légèrement inférieur au prix de l’huile brute de colza utilisée pour produire le biodiesel en France. »
« Ce contexte rend indispensable l’adaptation immédiate de la production de Saipol à la baisse marquée des commandes et à la déstabilisation du marché d’ores et déjà causées par la réouverture du marché européen au biodiesel argentin », commente la filiale d’Avril.
Selon Saipol, « en l’absence de contre-mesure efficace de l’UE, environ 1,75 Mt de biodiesel de soja (ester méthylique de soja) serait importé chaque année en Europe, dont – en année pleine – 1 Mt en France, au détriment du biodiesel de colza européen (ester méthylique de colza). Ceci dès à présent puisque les premiers cargos argentins arrivent déjà dans les ports européens. »
Sous activité de 60 % pour l’ester de colza
Parmi les conséquences subies par Saipol, le recul de la production d’ester de colza, qui « pourrait être inférieure à 700 000 tonnes en 2018 contre 1,3 Mt en 2017, représentant une sous-activité de 60 % ». Les unités de trituration « seraient également impactées, avec un volume d’environ 2,5 Mt de graines triturées en 2018 contre 3,5 Mt en 2017, soit un recul de 1 Mt environ, induisant une sous-activité de près de 30 % ».
I.E.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :