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Prédation « Si le loup attaque mes charolaises, je quitte définitivement l’estive ! »

Marie-Hélène Bouchery, à gauche, et Stefan Contant, son berger. © M.-F. Malterre/GFA

Tous les ans, Marie-Hélène Bouchery met ses charolaises, des génisses et des vaches suitées, en estive sur les alpages situés sur la station de Vaujany (1), en Isère. Elle les redescendra toutes dès la première attaque de loup (2).

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Marie-Hélène Bouchery fait partie du groupement pastoral qui exploite le domaine de la station de ski de Vaujany, en Isère. Les animaux consomment la ressource fourragère sur une partie (1) des pistes entre 1 100 et 2 800 m d’altitude de juin à octobre. Cela représente environ 300 ha et près de 60 km de pistes. Les animaux entretiennent l’espace pour les skieurs. Ils ont une action difficilement mécanisable, dont le coût est estimé à 3 000 €/ha.

Des alertes, pas de certitudes

« Pour l’instant, le loup n’a pas attaqué le troupeau », explique Marie-Hélène. Mais comme les prédateurs sont tout près, Marie-Hélène appréhende ce moment. Il y a eu une alerte il y a quelque temps. Les animaux ont dévalé les pentes en pleine nuit. Stefan Contant, le berger avait été alerté en pleine nuit par les « sonnailles ».

Marie-Hélène Bouchery a quelques doutes au sujet du dérochement de deux broutards aussi. Le prédateur n’a pas été pris sur le fait. « Si c’est le cas, je ramènerai tout le troupeau sur le siège de la ferme à Izeaux et je ne reviendrai plus en montagne. Je ne veux pas risquer de mettre mes animaux en danger et de les perdre. »

Une conduite en lots

La conduite des 200 bovins du groupement en sept à huit lots différents sur l’alpage est comparable à une conduite en plaine. Au printemps, les éleveurs mettent des clôtures sur une partie des quartiers de l’alpage. Le berger continue ensuite de construire les parcs au fil de la saison. « Je fais tourner les animaux sur les quartiers en fonction de la ressource, souligne Stefan. La commune de Vaujany est satisfaite de cette exploitation et participe tous les ans au financement des frais de main-d’œuvre du groupement pastoral.

© M.-F. Malterre/GFA

Limiter les avalanches

Jean-Pierre Rougeaux, président de l’Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (Anena), a aussi rappelé l’importance du passage des animaux dans l’entretien des montagnes, lors des Rencontres du Glandon le 19 août 2017.

« Les alpages ne sont pas un don de la nature. Ils sont le fruit d’un labeur millénaire. […] En circulant à flanc de montagne l’été, les troupeaux créent naturellement des « terrassettes » qui forment un réseau de bandelettes étroites sur les versants. Les pentes plus rugueuses fixent davantage la neige pendant l’hiver. On a cherché à reconstituer ce mécanisme en reconstituant à la pioche des banquettes. Cela entraîne d’autres problèmes, comme celui de l’érosion des sols. Les troupeaux ont la capacité, par leurs passages répétés d’enfoncer sur place la pelouse alpine qui subsiste au lieu d’être ouverte et fragilisée. »

M.-F. Malterre

(1) Le domaine comprend deux autres alpages. L’un est valorisé par une association foncière pastorale et l’autre par un exploitant.

(2) Visite de l’alpage organisée par l’Usapr le 19 août dans le cadre des Rencontres du col du Glandon.

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