Pac « En finir avec les deux piliers »
Hervé Guyomard, chercheur à l’Inra, juge « dépassée » la distinction faite entre les deux piliers de la politique agricole commune.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Personne n’y comprend rien, même dans le milieu agricole. On l’a bien vu avec le récent transfert du ministre de l’Agriculture entre les deux piliers : chacun a avancé les chiffres qu’il a eu envie d’avancer, sans que personne ne puisse les contredire. »
Lors du congrès de l’Association des chambres d’agriculture de l’Arc atlantique (AC3A), organisé le 24 août 2017, à Rochefort, Hervé Guyomard a tiré à boulet rouge sur ces deux piliers « qui sont aussi difficiles à comprendre qu’à justifier parce qu’on y traite des mêmes objectifs ».
Déplacer les MAEC
Le directeur de recherche à l’Inra a rappelé que le premier pilier était censé traiter de préoccupations « globales », donc financées par le niveau européen, et le second pilier, de préoccupations « locales » donc cofinancées par les niveaux européen et local. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui, selon lui, notamment pour l’environnement.
« Le fait que les MAEC, – et j’insiste sur le C, qui signifie “climatique” –, soient dans le deuxième pilier, donc “cofinancées”, alors que le changement climatique est par essence un bien public mondial, c’est très difficile à comprendre et à faire passer auprès des citoyens. »
Séparer agriculture et développement rural
Une autre clarification s’impose, estime encore Hervé Guyomard, cette fois-ci entre ce qui relève de la Pac et de la politique de cohésion européenne, destinée à réduire les disparités régionales. La scission doit se baser, poursuit-il, sur un critère simple : « il faut distinguer ce qui est agricole de ce qui ne l’est pas ».
Car aujourd’hui, pour tous les États membres, le second pilier de la Pac cible les activités agricoles, forestières et agroalimentaires, en raison de leurs effets d’entraînement sur le développement des zones rurales. « Sauf qu’on a beaucoup de mal à mesurer ces effets. Et, surtout, les disparités territoriales ne se réduisent pas ! »
Une plus grande prise en considération des activités rurales, autres qu’agricoles, s’impose pour Hervé Guyomard, qui suggère de les joindre à la politique de cohésion.
Rosanne AriesPour accéder à l'ensembles nos offres :