Travail détaché Avec le dumping social, risque d’un « démantèlement de l’UE » (Macron)
Le président français Emmanuel Macron, en déplacement en Roumanie, a estimé jeudi que faute d’amendement de la directive européenne sur le travail détaché, le « dumping social » pratiqué dans certains pays de l’Est risquait de mener à un « démantèlement de l’UE ».
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« Certains politiques ou milieux d’affaires » en Europe veulent « toucher les fonds structurels et développer un modèle qui est le dumping fiscal et social », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bucarest.
Si rien n’est fait, « ça éclatera », ce sera « un démantèlement de l’Union européenne », car « aucune opinion publique des pays fortement développés n’acceptera le système tel qu’il fonctionne », a estimé le chef de l’État français.
Emmanuel Macron a rencontré jeudi à Bucarest le président roumain Klaus Iohannis, au deuxième jour d’une tournée en Europe de l’Est pour promouvoir un durcissement de la directive sur le travail détaché.
Refus de la Pologne
De son côté, la Première ministre polonaise Beata Szydlo a affirmé jeudi le refus de Varsovie de revenir sur la directive européenne sur le travail détaché. « Nous défendrons jusqu’au bout notre position, parce que c’est une position qui est dans l’intérêt des travailleurs polonais », a déclaré Mme Szydlo à la presse. La Pologne est le pays qui profite le plus de cette directive et est farouchement hostile à toute réforme. Environ 500.000 Polonais sont employés par des entreprises polonaises dans d’autres pays membres de l’UE.
Emmanuel Macron a violemment critiqué vendredi le refus polonais de durcir la directive sur le travail détaché, « une nouvelle erreur » de Varsovie qui, selon le président français, se met « en marge » de l’Europe sur « de nombreux sujets ».
Comme promis durant sa campagne, le président français espère obtenir à la fin d’octobre à Bruxelles un accord majoritaire pour raccourcir la durée du travail détaché et renforcer les contrôles contre les fraudes.
Mercredi, il a rencontré les dirigeants autrichien, tchèque et slovaque. L’Autriche a appuyé la position française, mais la République tchèque et la Slovaquie, plus prudentes, ont accepté de rechercher rapidement un compromis, sans s’engager sur le fond.
Également prudent, le président roumain a reconnu le « fort mécontentement » en Europe de l’Ouest sur ce dossier et estimé qu’il fallait « améliorer cette directive », mais sans « éliminer la concurrence ou le marché libre ».
La Commission pour un « compromis »
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a jugé vendredi sur Europe 1 nécessaire de trouver « un compromis » entre membres de l’UE sur la question des travailleurs détachés.
« La liberté de circulation, qui est une des grandes libertés de l’Europe, doit aller de pair avec le combat contre le dumping social », a déclaré vendredi M. Moscovici, donnant comme mot d’ordre « à travail égal, salaire égal ».
En tout état de cause, M. Moscovici a prévenu qu’il ne fallait pas « bercer les Français d’illusions » sur une éventuelle harmonisation sociale de l’UE. « Pour y parvenir, il faut qu’il y ait unanimité […] à 28 », a-t-il souligné. « Je crois plus à un socle social commun qu’à une vraie harmonisation sociale. »
AFP
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