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Pac « Le contexte a changé, mais pas la liturgie »

À l’occasion de la parution de son dernier ouvrage sur l’histoire de la Pac, George-Pierre Malpel, ancien directeur général de la FNSEA et ex-inspecteur du ministère de l’Agriculture, dénonce une politique inadaptée à l’économie actuelle.

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« Je ne suis pas ingénieur, j’ai beaucoup d’incompétences », s’excuse George-Pierre Malpel en présentant son livre « Histoire et devenir de la Pac » (1) sous les regards bienveillants de l’académie d’agriculture et du think tank Agridées ce 23 octobre 2019.

Se réclamant un moment du libéralisme face aux savants de l’académie, il fait plus tard machine arrière. « Libéral, néolibéral, néocon… Je n’aime pas les étiquettes. » Une chose est sûre, en matière de politique agricole, l’homme connaît son affaire, et n’hésite pas à en dénoncer les travers.

Savoir d’où l’on vient

« Dès 1967, dans un rapport, Mansholt expliquait que le système des organisations communes de marché allait à l’encontre des objectifs de régulation des excédents, et que socialement ça ne profitait qu’aux grosses exploitations », souligne George-Pierre Malpel.

Père fondateur de la politique agricole commune, et ancien commissaire à l’agriculture, Sicco Mansholt alertait donc déjà, dix ans après la création de la Pac, sur la nécessité de réinterroger ses objectifs et ses mécanismes.

« Produire plus faisait partie des objectifs initiaux de la Pac, mais dès les années 1960, on s’est rendu compte qu’une restructuration était nécessaire. Et depuis, le contexte a continué de changer, mais pas la liturgie », estime George-Pierre Malpel.

Les débats qui comptent

Selon l’essayiste, l’exemple des filières fruits et légumes prouve que, même en l’absence de soutien direct, des agriculteurs regroupés peuvent conquérir des marchés. « Il faut aller vers plus d’organisation des producteurs, plus de mise en commun de l’offre, et plus de segmentation intra-européenne. Les producteurs néerlandais ou français n’ont ni les mêmes contraintes, ni les mêmes envies. »

Si le ton semble libéral, George-Pierre Malpel appelle également à une réglementation plus importante sur les conditions de production. « Il faut que tout le monde produise dans les mêmes conditions. La réglementation, et notamment sur les pesticides, ne peut être différente d’un état à l’autre de l’Union Européenne ». Un thème que l’ancien haut fonctionnaire juge plus important même, que les débats parfois houleux sur le budget global de la Pac, ou la subsidiarité.

Ivan Logvenoff

(1) George-Pierre Malpel, « Histoire et devenir de la Pac », Éditions France Agricole, 2019, 140 p.

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