Campagne 2019 Un bilan serré en maïs

« Au lendemain des actions syndicales conduites par la FNSEA et JA, nous nous inscrivons dans la démarche », a affirmé Daniel Peyraube lors de la conférence de l’association des producteurs de maïs le 23 octobre 2019. Pour le président de l’AGPM, « la filière subit des entraves et des contraintes : elle doit faire face à des importations de pays ayant accès à des moyens de production différents des nôtres, et que le citoyen rejette. Il faut aussi cesser l’agribashing. Nos producteurs sont excédés par la remise en question de leurs pratiques. »

Récolte 2019 : résultats hétérogènes

Au cœur des enjeux de la filière maïs en France se placent l’innovation génétique et le stockage de la ressource en eau. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que les conditions climatiques ont pénalisé les cultures, les rendements en maïs grain ont été au rendez-vous pour les cultures irriguées. Le rendement moyen, estimé à 89,3 qx/ha par Arvalis, est inférieur à la moyenne quinquennale de 96,7 qx/ha et masque de très fortes hétérogénéités. En 2019, les surfaces ont été en hausse, pour la première fois depuis 5 ans, à 1,43 million d’ha (+5 %) parmi lesquels environ 50 000 ha ont finalement été récoltés en fourrage. La production nationale est estimée à 12,3 Mt.

Les surfaces de maïs fourrage restent stables, à 1,4 million d’ha emblavés. Les rendements sont également très hétérogènes à l’échelle du territoire, de 6 à 18 t MS/ha.

Les maïs semences, dont la surface a augmenté de 13 % à 68 500 ha, ont souffert du pic de chaleur pendant la floraison, et 90 % de l’objectif de rendement a été atteint.

Enfin, les surfaces de maïs doux observent une baisse de 6 % par rapport à la campagne précédente. Alors que les récoltes se terminent, les résultats semblent conformes à l’objectif.

Des besoins en eau difficiles à fournir

« Le début de campagne a été difficile. Les semis ont été assez échelonnés, de mi-mars à mi-mai. Les cultures ont subi un cycle froid, ralentissant leur développement, avant de passer à un contexte très chaud à partir de la mi-juin qui a impacté le développement racinaire et l’indice foliaire, et pénalisé la fécondation des épis. Les pluies d’août ont été assez tardives », résume Thomas Joly, en charge des programmes maïs à Arvalis.

Les premiers arrêtés d’irrigation ont été pris dès le début du mois de juillet et se sont renforcés dans le courant de l’été, notamment sur la région Centre-Val de Loire et l’Est de la France. « Ces restrictions, au moment de la floraison, n’ont pas permis de compenser le stress hydrique lié à la météo estivale de 2019, complète Thomas Joly. L’irrigation aura encore prouvé qu’elle constitue la meilleure assurance climatique et cette campagne illustre bien la pertinence du stockage de l’eau. »

Situation de marché

Côté marchés, les cours américains sont fortement volatils depuis le mois de mai, et devraient le rester. « La campagne 2019 est compliquée en termes de prix. Après une période de hausse des prix en juin et juillet, le maïs européen a subi une correction et se situe autour de 164 € et 165 € sur l’échéance Euronext novembre à date, en retrait par rapport à l’an passé », explique Matthieu Çaldumbide, directeur adjoint de l’AGPM. Les prix français devraient rester sous pression dans les semaines à venir, les céréales à paille étant compétitives pour l’alimentation animale. « En conséquence de la baisse des prix à date, associée à des rendements affectés, on estime sur la ferme France un chiffre d’affaires moyen en retrait de 10 % », poursuit Matthieu Çaldumbide.

Les conditions climatiques ont également touché le reste de l’Europe. La Commission Européenne prévoit une production 2019-2020 de 66,5 Mt. Avec une projection à date de 17 Mt d’importations pour 2019-2020, L’UE devrait conserver sa place de 1er importateur mondial de maïs, mais ne devrait pas rééditer son record d’importations de 24 Mt de la campagne 2018-2019.

Justine Papin