Loi « Prévenir le suicide en impliquant les banques »
605 agriculteurs se sont suicidés en 2015. Le sénateur Henri Cabanel, viticulteur dans l’Hérault, a déposé une proposition de loi visant à mettre fin à l’hécatombe, en plaçant les banques au cœur du dispositif de prévention.
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« La majorité des suicides sont liés à un surendettement. Il me semble indispensable de mettre les banques au cœur du dispositif de prévention », estime Henri Cabanel. Le sénateur du parti du RDSE (Rassemblement démocratique et social européen) vient de déposer une proposition de loi visant à mieux prévenir le suicide chez les agriculteurs.
Des outils insuffisants
« Si le gouvernement a pris conscience du problème, et que des outils ont été mis en place notamment Agri’écoute (1), le numéro de téléphone à la disposition des agriculteurs, nous nous rendons bien compte que ça ne suffit pas. Et que cela risque de continuer ainsi, tant que le dispositif de prévention implique que ce soit l’agriculteur en détresse qui fasse les démarches. »
605 agriculteurs se sont suicidés en 2015 : « C’est de la non-assistance à personne en danger, poursuit le parlementaire, par ailleurs viticulteur dans l’Hérault. J’ai voulu proposer un autre système pour faire en sorte que cela s’arrête. »
Mettre les banques en alerte
Le sénateur entend donc faire intervenir les banques. « Les organismes bancaires sont les seuls à être parfaitement au courant de la situation financière des agriculteurs. L’idée est qu’en cas de grand découvert, la banque alerte son client et se voit contrainte de le convaincre d’entrer en contact avec la Mutualité sociale agricole. »
Pour le moment, aucun seuil d’intervention n’a été fixé. « Les critères restent à définir, mais ce qui me semble fondamental aujourd’hui, c’est d’au moins lancer la discussion. Il faut que ça avance. L’autre intérêt est de remettre un peu d’humanité entre les banques et les agriculteurs. »
Henri Cabanel a d’ores et déjà rencontré le président de la Caisse centrale de la MSA, qui s’est montré favorable au projet, selon le sénateur. Il rencontrera la Fédération bancaire française, à Paris, dans les prochaines semaines : « Je ne veux pas les responsabiliser, mais au contraire, leur donner un rôle majeur, dans la prévention. »
La lente marche vers un débat parlementaire
« Je n’ignore pas que les facteurs liés au suicide sont nombreux, entre la lourdeur administrative, les pressions de toute part et désormais l’agribashing. Mais avançons. Par tous les moyens, prenons soin des personnes pour éviter qu’ils franchissent le pas. »
La proposition de loi a été déposée le lendemain de la sortie du film « Au nom de la terre » d’Édouard Bergeon. Le texte pourrait être débattu dans l’Hémicycle lors du premier trimestre de 2020.
« Le parti RDSE étant un petit groupe, rappelle Henri Cabanel, nous ne pouvons pas l’amener aussi rapidement que nous le souhaitons. Notre objectif est que la discussion ait lieu au Parlement, car il y a urgence, et, oui, une loi peut aider à enrayer ce dramatique phénomène. »
Rosanne Aries
(1) Agri’écoute est un numéro d’écoute mis à la disposition des agriculteurs en cas de détresse, par la MSA. Pour parler avec un professionnel, il faut appeler le 09 69 39 29 19 (numéro disponible 24 heures/24).
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