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Colère des agriculteurs Le dépôt sauvage de trop

Dépôt sauvage de déchets sur une parcelle agricole dans le Vexin, à Avernes, dans le Val-d’Oise. © Cédric Faimali/GFA

Coup de gueule des agriculteurs dans le Var et ailleurs : après la mort de Jean-Mathieu Michel, la profession soutient les maires, et s’insurge contre les tonnes de déchets laissés dans les champs.

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« Il est trop fréquent et inadmissible que nos champs, nos vignes, nos chemins ruraux soient considérés comme des dépotoirs et que les élus investis de l’autorité publique, luttant contre ces incivilités, soient pris à partie avec violence », dénoncent les agriculteurs du Var, département où le maire de Signes, Jean-Mathieu Michel, est décédé, le 6 août 2019, alors qu’il tentait d’empêcher un dépôt sauvage de gravats. Dans un communiqué commun signé par la chambre d’agriculture, la Coordination rurale, la FNSEA et les JA locaux, ils indiquent apporter « tout leur soutien aux maires de nos communes et saluent leur action au service des habitants, des territoires et de la ruralité qui, comme à Signes, peut aboutir à mettre en péril leur vie ».

« Les gens en viennent facilement aux mains »

« Cela nous est arrivé pas plus tard que la semaine dernière. On a retrouvé une voiture découpée en trois sur le bord de route », décrit de son côté Denis Sargeret. À chaque semaine, son lot de déchets sauvages, et à chaque semaine, le même casse-tête pour cet exploitant agricole, maire de Théméricourt dans le Val-d’Oise. « Ça fait beaucoup de soucis, pour l’agriculteur comme pour l’élu. Le pire, c’est que si on n’enlève pas tout de suite la voiture, d’autres déchets vont s’accumuler à côté. »

S’il est parvenu parfois à retrouver les coupables, il estime toujours « compliqué » d’intervenir. « Les gens en viennent facilement aux mains. C’est pour les déchets et pour tout le reste. Moi, ça m’est arrivé quand j’ai demandé à un conducteur de diminuer sa vitesse dans le village. Il roulait très vite. Je lui ai fait signe de ralentir, il est sorti de sa voiture, on a eu des mots. » La plupart des affaires sont classées sans suite, poursuit le maire. La faute aux tribunaux trop engorgés, selon lui, « On veut aller vite. Et alors ça continue… »

Pour tenter d’enrayer le fléau, l’association des maires de France propose notamment d’introduire le délit de trafic de déchets dans le Code pénal. Avec un double objectif : augmenter le pouvoir de sanction des maires et permettre une sanction plus rapide.

Que faire face aux dépôts sauvages ?

En attendant, les autorités conseillent de ne jamais toucher les détritus retrouvés sur place, afin de ne pas en être juridiquement responsable et d’éviter, aussi de toucher des matières susceptibles d’être dangereuses. Il est en revanche recommandé de prendre le dépôt en photo, puis d’appeler la mairie, et enfin de porter plainte.

Certaines régions proposent par ailleurs des aides. L’Île-de-France a par exemple mis en place en janvier 2019 un système de subventions, à destination des agriculteurs et des maires pouvant aller, sous conditions, jusqu’à 5 000 € pour le retrait des déchets et 10 000 € pour la mise en place de barrières, de blocs bétons et/ou la remise en culture de parcelles concernées. Les démarches s’effectuent à l’adresse suivante : https://mesdemarches.iledefrance.fr. À ce jour, seuls deux agriculteurs en ont fait la demande.

Rosanne Aries

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