Agriculture de conservation des sols « Un label privé pour la fin de l’année »
Élu depuis six mois à la présidence de l’Apad, Association pour la promotion d’une agriculture durable, François Mandin œuvre au développement de l’ACS, l’agriculture de conservation des sols, et à sa reconnaissance.
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Carrefour a annoncé travailler sur la reconnaissance de l’agriculture de conservation, où en est le projet ?
C’est dans les tuyaux. Nous avons participé au comité stratégique du groupe, mais il est encore un peu tôt pour en parler. De notre côté, nous sommes en train de réfléchir à un label privé, même si le terme « label » nous gêne un peu. L’agriculture de conservation des sols dynamise le secteur agricole, et peut trouver sa place aux côtés des autres formes d’agriculture. Il faut faire valoir ses bénéfices. Le cahier des charges devrait être prêt à la fin de l’année. L’idée est qu’il ne soit pas basé sur des obligations de moyens, mais sur des obligations de résultats. Il sera question d’augmentation de la matière organique et de la couverture des sols, ainsi que de production de biomasse.
Qu’en est-il des mesures de soutien public ?
Au niveau Européen, l’Apad a porté les MAEC (1) sols, qui sont déployées depuis deux ans dans six des régions françaises, souvent en lien avec des contrats de territoires. Cela reste un épiphénomène : une centaine d’agriculteurs est concernée. En Bretagne, la région a validé cette MAEC… mais le préfet de région a interdit la destruction chimique des couverts, obligeant le travail du sol. C’est assez symbolique de ce qu’il se passe en France. À mon avis, il est grand temps d’arrêter ce système basé sur des obligations de moyen, qui n’est pas porteur.
Comment vivez-vous la prochaine interdiction du glyphosate ?
Le débat sur le glyphosate est mortifère et contre-productif. Nous ne demandons pas de dérogation, car nous ne nous identifions pas au glyphosate. Mais nous souhaiterions que tous les outils disponibles soient préservés pour une agriculture productive et respectueuse des sols. Nous n’avons rien sans rien.
La chimie n’est pas l’Alpha et l’Oméga de l’agriculture, mais elle doit être remise à sa juste place. Je ne vois pas comment on pourrait s’en passer. D’un côté, je trouve que les institutions françaises nous ont lâchés, et de l’autre je pense que les principes et les enjeux de l’agriculture de conservation des sols commencent à être compris. J’alterne entre optimisme et pessimisme à ce sujet.
ACS, travail réduit, non-labour, TCS (2), agriculture régénérative… que pensez-vous de la multiplicité des approches liées à la conservation des sols ?
Pour nous, il est nécessaire de bien définir les termes qui sont liés à la conservation des sols et éviter les utilisations mal appropriées. L’ACS est basée sur trois piliers : le non-travail du sol, la couverture des sols, et la diversification des cultures. Ils sont indissociables et doivent être respectés en continu. L’erreur est par exemple de croire que les TCS peuvent être une étape : les résultats peuvent parfois être pires et mener à des échecs, notamment en augmentant le salissement de certaines parcelles. Mais la mise en place d’un nouveau système peut être rapide et efficace une fois les processus compris.
Propos recueillis par Hélène Parisot(1) Mesure agroenvironnementale et climatique
(2) Techniques culturales simplifiée
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