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Le jour où… « Un loup a dépecé un chevreuil dans mes betteraves »

Jean, betteravier dans les Hauts-de-France

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«Ce lundi matin 20 novembre 2017, en arrivant dans mon champ de betteraves, situé sur un plateau, je ne m’attendais pas à découvrir une telle scène. J’ai trouvé un chevreuil complètement dépecé. Le cadavre éventré portait un large trou à la gorge. Ce massacre ne pouvait pas, à mon sens, être le fait d’un renard. L’avant-veille, nous avions chassé avec un groupe d’amis dans cette parcelle et nous n’avions pas aperçu de gros gibier. Immédiatement, j’ai appelé le copain qui était posté là pendant notre partie de chasse, pour savoir s’il avait vu cet animal dépouillé. Il m’a affirmé que non. Il n’y avait vraiment rien à cet endroit. Que s’était-il donc passé ?

J’ai pensé que le chevreuil avait été attaqué par un gros chien errant. J’en ai parlé à mon épouse qui m’a répondu : « Il y a déjà des loups dans la Marne et dans les Ardennes, alors pourquoi pas dans l’Aisne, puisqu’ils progressent… »

40 à 50 kilomètres par jour

J’ai alors appelé le garde-chasse local, qui est arrivé dans la matinée. En dix ans d’activité, il n’avait pas vu de carcasse dans cet état. L’animal avait été rongé jusqu’à l’os. Il a photographié la dépouille et les marques visibles sur le sol à proximité du cadavre. Il y avait des traces de renards, mais aussi d’autres empreintes plus imposantes. Le jeudi, l’agent m’appelait pour me dire que les clichés avaient été étudiés par sa hiérarchie et que chevreuil avait très certainement été victime de l’attaque d’un loup. Il m’a expliqué que ce canidé pouvait parcourir 40 à 50 kilomètres par jour et qu’un ouvrier agricole de l’Aisne venait d’en apercevoir un ce jour, à 200 mètres de son tracteur. Silhouette haute, tête basse et queue en panache, il n’y avait, selon lui, pas de doute. Le garde-chasse officialisait l’incursion du Canis lupus lupus dans mon département.

À l’annonce de cette nouvelle, j’étais interloqué. Je n’imaginais pas que ce prédateur pouvait être présent dans ce coin de plaine des Hauts-de-France que je cultive depuis plus de vingt-cinq ans. Je restais malgré tout sceptique sur cette suspicion d’attaque de loup. Je n’ai rien dit à mes plus jeunes enfants, afin de ne pas les effrayer. Je ne voulais pas ébruiter le sujet, car je n’étais pas complètement convaincu par l’analyse du garde-chasse, mais, le lendemain, celui-ci faisait la une du journal local !

Propos recueillis par Marie Daniel

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