C’est son avis « Les enfants doivent manger deux portions de viande par jour »
Pour Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastro-entérologie pédiatriques à l’hôpital Trousseau à Paris, la mode des régimes « sans » augmente les risques decarences nutritionnelles chez les plus jeunes. Il esttémoin d’une explosiondes déviances alimentaires.
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La fréquente carence en fer
Aujourd’hui, de plus en plus d’enfants sont soumis à des régimes alimentaires déséquilibrés, tels que le régime végan, avec des conséquences désastreuses et irrémédiables pour leur santé.
Un régime sans viande entraînera inéluctablement des carences en vitamine B12 et souvent en fer. Seul un très faible pourcentage d’individus a la capacité de bien absorber le fer végétal, présent dans les lentilles ou les épinards. Tous les autres doivent le trouver dans les produits carnés. Or, un manque de fer provoque de la fatigue, ainsi que des troubles neuropsychiatriques et cognitifs, de l’hyperactivité et/ou un état dépressif. Cette insuffisance, pourtant facile à détecter par une prise de sang, est la principale maladie nutritionnelle dans le monde.
Dans un régime sans produits laitiers, où le lait est remplacé par des boissons végétales, la carence en calcium est un vrai danger. Et les effets délétères ne seront visibles que quelques décennies plus tard. Tous les enfants ont tendance à manquer de vitamine D, laquelle favorise l’absorption du calcium, et doivent être systématiquement supplémentés. Le dernier risque d’un régime déséquilibré est l’insuffisance en DHA, une classe d’Oméga 3 essentiel pour le développement cérébral que l’on trouve quasi exclusivement dans les produits de la mer.
La viande, incontournable
Je rencontre parfois des parents inquiets car leur enfant aime la viande, les produits laitiers, les pâtes, mais rechigne à consommer des légumes. Ils ne doivent pas s’inquiéter ! Chez l’enfant, un fruit ou un légume par jour est amplement suffisant. En trente ans de métier, je n’ai jamais vu de carences en vitamines à cause d’un manque de légumes. Le slogan “cinq fruits et légumes par jour” est même une erreur diététique, car on prend le risque que les plus jeunes n’aient plus faim pour manger les trois aliments nécessaires : la viande pour le fer, le lait pour le calcium et les féculents pour l’énergie. Je conseille de leur donner deux portions de viande par jour. Imposer un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires est à mon avis une ineptie. Non pas que l’équilibre alimentaire de l’enfant soit mis en danger, mais cela laisse penser que la viande est à éviter. Ces idées fausses peuvent favoriser les déviances nutritionnelles chez l’adolescent.
Les peurs alimentaires
Certains médias ont une grande responsabilité en relayant les messages fantaisistes de pseudo-experts, qui font naître des peurs alimentaires totalement injustifiées. Par exemple, les OGM inquiètent 70 % des Français, alors qu’aucune publication n’a montré leurs effets néfastes pour l’alimentation humaine.
Les instigateurs de ces régimes déviants n’ont pas d’arguments objectifs pour défendre leurs postulats. Ils accusent leurs opposants scientifiques de conflit d’intérêts. S’il est vrai que les industriels travaillent avec la plupart d’entre nous, aucun ne risquerait sa réputation en défendant des faits qui ne sont pas scientifiquement démontrés. Ce sont eux qui défendent une idéologie, pas nous !
Propos recueillis par Sophie BergotPour accéder à l'ensembles nos offres :