Cultures biologiques Se passer de cuivre oui, mais pas à court terme
Pour assurer la protection des cultures bio, il faudrait envisager de combiner plusieurs alternatives au cuivre (résistance variétale, SDN, biocides…) qui, employées seules, ne présentent que des effets partiels.
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Peut-on se passer de cuivre en protection des cultures biologiques ? Voilà la question à laquelle une expertise scientifique collective (Esco) a répondu le mardi 16 janvier 2018 lors d’un colloque de restitution.
Une dizaine d’experts (Inra, universités, instituts…) ont été mobilisés sur ce travail, qui s’est appuyé sur une vaste bibliographie d’environ 900 références, essentiellement basée sur des articles scientifiques.
« Sans changement de système, et en mobilisant les connaissances, on peut envisager de diminuer de 50 % l’usage du cuivre pour une même efficacité sur le mildiou de la pomme de terre, sur le mildiou de la vigne et sur la tavelure du pommier, a rappelé à l’issue du colloque Philippe Mauguin, le PDG de l’Inra. Ces éléments doivent guider les débats dans la réévaluation du cuivre. En revanche, il reste plus difficile d’envisager l’interdiction du cuivre. »
Avoir une approche « système »
Il ressort toutefois de l’Esco qu’à terme, il faudrait envisager de combiner plusieurs alternatives au cuivre qui, employées seules, ne présentent que des effets partiels. Parmi celles-ci : la résistance variétale, les SDN (stimulateurs de défense naturelle), les biocides, la prophylaxie…
« Combiner différents moyens de lutte conduit à reconcevoir les systèmes de culture et de protection des cultures, qu’il serait nécessaire de valider en expérimentation-système, rapporte l’Esco. L’expertise pointe en outre le manque de références en matière de capacité d’adoption et de coûts induits (incluant la formation et l’organisation du travail) pour les exploitations agricoles concernées. Une étude complémentaire serait également nécessaire sur la capacité (tant financière que stratégique) des industriels de l’agrofourniture à mettre au point des innovations se substituant au cuivre et à les mettre sur le marché. »
« C’est pourquoi on ne peut pas se passer de cuivre à court terme, a appuyé Philippe Mauguin. L’Inra et les instituts techniques auraient tout intérêt à lancer en 2018 des projets concrets pour les trois principales cibles (NDLR : mildiou de la pomme de terre, mildiou de la vigne et tavelure du pommier), notamment autour du métaprogramme Smach (1). Cela permettrait d’être en avance sur le débat public pour viser à terme une alternative au cuivre. »
Vote des États membres en juin
L’Inra précise que l’expertise scientifique collective (Esco) sur « Peut-on se passer du cuivre en protection des cultures biologiques ? » « ne portait pas sur l’opportunité ou non de réhomologuer le cuivre, dans les conditions actuelles ou avec des doses ajustées. Une telle décision relève des autorités nationales et européennes qui, pour ce faire, s’appuient sur les évaluations de risques produites par leurs agences de sécurité sanitaire et environnementale telles que l’Efsa ou l’Anses. Pour étayer cette question, l’Efsa vient de rendre public un rapport détaillé, disponible sur son site. »
La substance active fait en effet l’objet d’une réhomologation au niveau européen. Si une décision devait être prise pour la fin de janvier, l’échéance a été prolongée et le vote des états membres pourrait avoir lieu en juin.
Les questions posées à l’Inra visaient à fournir aux décideurs, mais aussi aux producteurs ou organisations qui souhaitent limiter ou abandonner le recours au cuivre, indépendamment des exigences réglementaires, des éléments factuels et avérés sur les leviers et combinaisons de leviers alternatifs mobilisables, leur efficacité, mais aussi les difficultés ou freins à l’adoption qu’ils impliquent.
(1) Programme fédérateur de recherche de l’
Inra sur la gestion durable de la santé des cultures.
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