Île-de-France Pollution aux hydrocarbures, et après ?
Yvelines. À la suite de l’explosion, fin février, du pipeline géré par Total, Jérôme Corby, un des deux agriculteurs touchés, témoigne des dégâts.
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Les deux victimes directes surnagent depuis l’explosion du pipeline à Autouillet, dimanche 24 février au soir : 900 mètres cubes de pétrole brut se sont déversés dans leurs champs. La partie haute de la parcelle de 9 hectares de colza de Jerôme Corby, en aval de celle de son voisin, où la canalisation a cédé, est inondée d’hydrocarbure. Le pétrole a coulé jusqu’au ru en contrebas, le long des passages de roues. « Lundi matin, on en a retrouvé dans le collecteur de drain et des traces étaient visibles dans les cours d’eau dans un rayon d’au moins 5 km », indique l’agriculteur.
Les travaux de pompage et d’excavation ont démarré dans l’après-midi. La fuite a été jugulée mardi soir. L’argile verte présente en sous-sol devrait éviter à la pollution de gagner la nappe. Des sondages et études sont en cours pour préciser l’étendue du dommage. Total ignore la raison de l’explosion. Le pipeline, construit en 1967, avait déjà connu un accident il y a cinq ans en Seine-Maritime, et l’ensemble de l’ouvrage était sous surveillance depuis.
Des années pour décontaminer
Le ministre de l’Écologie, François de Rugy, s’est rendu sur place le 27 février. « Il n’a pas eu un mot pour nous », déplore Jérôme. Les deux agriculteurs ont été entendus par la gendarmerie jeudi. « C’est la procédure, précise l’homme de cinquante ans. Nous avons choisi de ne pas déposer plainte, pour l’instant. »
Total s’est engagé à prendre en charge l’ensemble des coûts engendrés par l’accident. Pour Jérôme, 2019 est d’ores et déjà une année sans récoltes sur une quinzaine d’hectares, avec le va-et-vient des engins en aval de la fuite, et 2020 est déjà compromise. La décontamination pourrait prendre des mois, voire des années. « Il faut tout dégager sur au minimum un mètre. Les traces d’hydrocarbures m’inquiètent moins que la qualité de la terre végétale qu’ils vont remettre. Comment la vie microbienne va-t-elle reprendre ? Moralement il faut encaisser », tranche l’agriculteur. Même si les démarches administratives s’annoncent chronophages, les semis de lin et de betteraves approchent. Le reste de l’exploitation doit tourner.
Pauline Bourdois
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