Céréales Les États-Unis seuls contre tous
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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La semaine a été marquée par l’achat de blé du Gasc (Égypte) pour 180 000 t de blé meunier en provenance de la Russie principalement, mais aussi de la Roumanie. Une seule proposition française a été faite, celle-ci manquait de compétitivité par rapport aux offres agressives de la zone de la mer Noire. La parité euro/dollar s’est stabilisée après le renchérissement de ces dernières semaines, mais elle reste pénalisante pour la compétitivité des origines européennes.
Cependant, l’annonce du président Trump de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat pourrait faire baisser le prix du pétrole (avec une crainte d’intensification des forages dans un contexte de surabondance). Aux États-Unis, les conditions climatiques dans les principaux États producteurs de blé sont hétérogènes avec des inquiétudes dans le Kansas en raison d’épisodes de grêle et de températures inférieures aux moyennes de la saison, ainsi que dans le Montana où le manque de précipitations est patent. Les cotations américaines de blé meunier se sont d’ailleurs renchéries au cours de la semaine, a contrario des origines mer Noire et européennes.
D’une semaine sur l’autre le blé meunier français fob Rouen a reculé 3 $/t à 186 $/t, tandis que le blé meunier russe a perdu 8 $/t à 179 $/t. Les pluies en Argentine continuent d’interrompre les récoltes de maïs et surtout de soja, les inquiétudes émergent concernant une éventuelle réduction de la fenêtre de semis pour les céréales. Cependant, les prix argentins de blé ont reculé par rapport à la semaine dernière, après l’annonce de la Bourse de Buenos Aires d’une très grosse récolte (autour de 20 Mt), alors même que les premiers semis n’ont pas eu lieu. Il ne fait nul doute que la surface de blé du pays va encore progresser cette année même s’il est encore trop tôt pour envisager un bond de la récolte si important.
Thermomètre et cours des orges de brasserie montent de concert
FranceAgriMer a légèrement abaissé le pourcentage d’orge de printemps et d’hiver se situant dans des conditions bonnes à très bonnes de 1 point chacun, soit respectivement 67 % et 76 % (contre 78 % et 93 % l’année dernière, juste avant les inondations du mois de juin). Les inquiétudes liées à la vague de chaleur et au déficit hydrique ont soutenu les orges de brasserie qui se sont renchéries au cours de la semaine. L’orge de brasserie d’hiver est maintenant cotée à 157 €/t (+3 €/t) et celle de printemps est cotée à 188 €/t (+4 €/t). Si les productions françaises et européennes aptes à la brasserie restent, pour le moment, attendues en hausse d’une année sur l’autre (à l’exception de l’Espagne qui fait face à une sécheresse), ce n’est pas le cas des autres exportateurs d’orge de brasserie dont les récoltes sont toutes attendues en recul d’une campagne sur l’autre. En cas d’incidents climatiques en Europe ou ailleurs les orges de brasserie pourraient suivre une tendance haussière, surtout si la Chine conserve son appétit.
Maïs : place au « weather market »
L’avancement des semis de maïs aux États-Unis est très légèrement en retard par rapport à celui de la campagne passée (91 % contre 93 % en 2016) alors même que la surface est attendue en baisse. Les conditions restent très humides aux États-Unis, dégradant sensiblement l’état des maïs dans la Corn Belt puisque 65 % des maïs sont jugés dans un état bon à très bon, contre 75 % l’an passé à la même date. Le maïs US s’est très légèrement renchéri par rapport à la semaine dernière (+2 $/t à 164 $/t). Les conditions climatiques restent très favorables à l’élaboration de la seconde récolte brésilienne dont les rendements pourraient de nouveau être revus en hausse ; malgré tout, les maïs brésiliens ont gagné 2 €/t par rapport à la semaine dernière. En revanche, les cotations françaises ont toutes évolué à la baisse, notamment sur la côte atlantique (-4,5 €/t).
Contexte baissier pour le colza
Après les pluies bénéfiques de la mi-mai, les colzas évoluent rapidement dans la phase de remplissage, boostés par des températures supérieures à la moyenne. Néanmoins, des pluies sont nécessaires dans les prochains jours pour maintenir les conditions de culture des colzas européens. C’est surtout le contexte mondial baissier qui a pesé sur les cotations du colza cette semaine. Ainsi, sur Euronext, le colza a perdu 4 €/t sur le rapproché (échéance d’août), à 352,75 €/t. Sur le marché physique, il a reculé de 4 €/t en rendu Rouen et de 5 €/t en Fob Moselle.
Au Canada, le prix du canola à Winnipeg a fortement chuté sur la semaine (–21 $/t depuis le 25 mai). Cette baisse s’explique par d’importantes ventes techniques mais aussi par une reprise de la commercialisation par les agriculteurs dans un contexte de demande modérée. En effet, les triturateurs seraient actuellement suffisamment couverts. De plus, les conditions climatiques se sont améliorées et permettent l’avancée des semis. Le temps devrait rester relativement sec dans la prochaine quinzaine, ce qui pourrait permettre une bonne progression des semis avant la date limite pour les assurances et limiter ainsi les pertes de surfaces.
Le prix de la graine de tournesol est stable cette semaine à Saint-Nazaire.
Soja : l’appétit chinois en question
A Chicago, les cours du soja ont poursuivi la tendance baissière amorcée il y a quinze jours. Ils ont reculé de 10 $/t sur le rapproché (échéance de juillet). Des opérateurs s’inquiètent de la demande chinoise des prochains mois. En effet, les marges de trituration sont au plus bas chez le géant asiatique et des acheteurs chinois seraient sur le point d’annuler des chargements sur les mois d’été. Néanmoins, les marchandises sud-américaines continuent d’inonder le marché mondial. Ainsi, durant le mois de mai, le Brésil aurait exporté 11 Mt de soja, un niveau record (10,4 Mt exportés en avril et 9,9 Mt en mai 2016).
Les États-Unis parviennent également à poursuivre un programme d’exportation exceptionnellement élevé pour cette période de l’année. Ils ont encore vendu 0,6 Mt la semaine dernière. Par ailleurs, les semis US se déroulent dans de bonnes conditions. 67 % des surfaces étaient emblavées au 28 mai (68 % en moyenne quinquennale). En raison des fortes pluies, des retards sont observés dans plusieurs États du Midwest, mais ils ne sont par inquiétants à ce stade. Au contraire, ils pourraient favoriser l’expansion des surfaces de soja au détriment du maïs, dont la fenêtre de semis se termine plus tôt.
Nouveau recul du prix des tourteaux
Les prix des tourteaux ont baissé dans le sillage des graines de soja. A Montoir, les tourteaux de soja ont perdu 3 €/t à 313 €/t sur le rapproché. Sur le marché à terme de Chicago, ils ont perdu 8 $/t depuis la semaine dernière, à 328 $/t. Une grève a démarré mercredi dans les ports argentins, en pleine saison d’exportation, mais les chargements ont tout de même pu reprendre dès jeudi. L’impact a donc été minime sur les prix.
Le prix du pois fourrager départ Marne est resté stable à 211 €/t. En nouvelle récolte le pois jaune est coté à 245 €/t rendu Rouen, en hausse de 5 €/t sur la semaine.
A SUIVRE : déroulement des semis de printemps en Amérique du Nord, demande chinoise en soja, persistance de la vague de chaleur et du manque d’eau dans l’UE, parité euro/dollar.
Tallage
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