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Céréales Tension sur les prix en ancienne récolte

© C. Thiriet

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Situation contrastée cette semaine entre l’ancienne récolte et la nouvelle pour le blé (meunier et fourrager) et l’orge de mouture. En effet, les prix ont grimpé pour ces cultures en ancienne récolte alors que les cotations de la nouvelle récolte étaient plutôt à la baisse. Ainsi, les blés meuniers de la récolte de 2016 ont gagné environ 5 €/t à 163 €/t rendu Rouen et les blés fourragers entre 2 et 3 €/t à 152 €/t rendu Rouen. L’orge de mouture, en ce qui la concerne, a gagné 2,75 €/t à 139,25 €/t.

À l’inverse, les cotations de la nouvelle récolte ont abandonné 2 €/t en blé (à 163 €/t rendu Rouen) et 3 €/t en orge de mouture à 141,5 €/t.

Inquiétudes climatiques en France

C’est la météo qui a pourtant rythmé la semaine des deux côtés de l’Atlantique. En France et en Espagne, la situation reste critique avec un besoin urgent de précipitations et des champs de blé dont la couleur est en train de se dégrader à cause d’une mauvaise absorption de l’azote.

Malgré tout, les dégâts restent encore très faibles à l’heure actuelle et des pluies sont annoncées pour la première quinzaine de mai. En conséquence, ces inquiétudes n’ont pas été suffisantes pour contrer l’impact sur les prix d’une remontée – encore attendue – de la production française et européenne de blé et d’orge pour la récolte de 2017 et de la hausse de l’euro face au dollar.

Paradoxalement, les prix de l’ancienne récolte ont bénéficié, quant à eux, de la demande à l’exportation soutenue des dernières semaines, que ce soit en blé ou en orge. Pour les deux cultures, les stocks de fin de campagne seront relativement faibles en France et dans l’UE.

Weather market aux USA

Outre Atlantique, deux phénomènes se conjuguent : des pluies importantes sont tombées sur l’est du pays, retardant les semis de maïs et de nouvelles pluies diluviennes sont attendues pour ce weekend. Ces pluies commencent à susciter aussi des inquiétudes pour les blés d’hiver car elles risquent de provoquer le développement de la fusariose. Enfin, des températures très basses sont aussi attendues ces prochains jours sur le nord de la zone de production de blé aux USA. Ces basses températures ne devraient pas induire beaucoup de dégâts car elles vont porter sur les régions de blé de printemps où les semis ne sont encore que très peu avancés.

En revanche, elles succèdent à des températures basses qui ont sévi il y a quelques jours sur les États des plaines centrales qui produisent le blé de bonne qualité meunière HRW. Un faisceau d’inquiétudes donc aux USA, sans grave conséquence pour l’instant, qui a toutefois fait remonter les marchés de Chicago et de Kansas City cette semaine sans que cela n’affecte le prix de la nouvelle récolte européenne, ni les prix de la mer Noire où les perspectives de production restent très correctes.

L’orge brassicole monte de nouveau

De nouveau, seules les orges de brasserie semblent avoir réagi aux craintes climatiques, gagnant 2 €/t en nouvelle récolte (à 160 €/t pour les variétés d’hiver) et 1 €/t pour les variétés de printemps (à 191 €/t) Fob Creil. La tendance était en revanche à la baisse pour le maïs hexagonal, insensible aux retards de semis US et aux conditions d’implantation trop sèches en France. L’offre mondiale reste pléthorique pour ce produit et comprime les prix à 169 €/t Fob Rhin aujourd’hui (–1 €/t sur la semaine).

Des prix du colza légèrement soutenus

Les températures en dessous des normes de saison après des conditions de semis particulièrement sèches dans l’UE comptent parmi les principaux facteurs de soutien des prix du colza. Le panorama actuel nous a conduits à revoir en baisse notre prévision de rendement en France (à 3,31 t/ha contre 3,35 t/ha le mois dernier). Le rendement français reste toutefois attendu en hausse par rapport à l’an dernier car la pression parasitaire est faible et que cette culture dispose par ailleurs d’excellentes capacités de compensation lui permettant de récupérer du potentiel de rendement en fin de cycle.

Ainsi, le colza rendu Rouen a légèrement progressé sur une semaine (+2 €/t à 395 €/t), tandis que le Fob Moselle est resté inchangé (à 401 €/t). La tendance haussière en France a été renforcée par l’évolution des cotations à Winnipeg au Canada (+4 $/t à 390 $/t), en raison de chutes de neige dans la partie occidentale de ce pays. Sur Euronext toutefois, les prix de la nouvelle campagne (échéance d’août 2017) se situent à 367,75 €/t (–1 €/t par rapport au niveau de la semaine dernière). Ils restent nettement inférieurs aux cotations physiques de l’ancienne récolte. Pourtant, la situation de l’offre et de la demande va rester très tendue pour la campagne de 2017-18 et cela devrait devenir haussier pour les prix de la nouvelle récolte.

La graine de tournesol est incotée (355 €/t la semaine dernière). Les marges de trituration se sont rétablies pour les échéances de la fin de campagne, ce qui devrait stimuler un peu la demande des triturateurs d’ici là. Par ailleurs, l’implantation du tournesol pourrait se révéler délicate en raison de la faible pluviométrie et des températures basses.

Des cours du soja globalement tiraillés

La fermeté de l’huile, ainsi que les ventes US supérieures aux attentes ont soutenu la fève de soja au début de la semaine. Toutefois, la bonne progression de l’emblavement aux USA est rapidement venue gommer la hausse des prix. Selon les derniers chiffres, 6 % des surfaces prévues ont déjà été emblavées, contre 3 % durant la campagne précédente à la même période. Autre élément baissier : la production paraguayenne pourrait atteindre un niveau record de 10,2 millions de tonnes cette année, selon l’attaché agricole américain (US) dans ce pays. Les prix du soja à Chicago affichent donc une quasi-stabilité sur une semaine, à 347 $/t.

Par ailleurs, les tourteaux de soja se sont un peu revalorisés sur la place nord-américaine (+3 $/t à 342 $/t). Au contraire, ils cèdent 9 €/t à Montoir (à 332 €/t), un retrait qui peut notamment s’expliquer part la bonne avancée des récoltes en Argentine (+8 % comparé à l’an passé sur la période équivalente) et la hausse de l’euro face au dollar.

Enfin, les cours du pois fourrager départ Marne restent inchangés cette semaine à 210 €/t.

À SUIVRE : conditions climatiques au Canada et en Europe, retour des pluies en France, impact du froid dans le sud-ouest et l’est de la France ainsi qu’aux USA.

Tallage

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