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Céréales L’exportation soutient les prix fourragers en blé et orge

© S. Champion

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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La pression baissière continue en maïs

Vendredi dernier, après notre point hebdomadaire, l’USDA a publié ses estimations de stocks au 1er mars ainsi que ses intentions de semis US pour la récolte de 2017-18. Comme attendu, cette publication a confirmé une baisse des surfaces à venir en maïs. Cette baisse, voisine de 4 %, est plus marquée que certains opérateurs américains ne l’attendaient et cela a conduit à un net soubresaut des prix du maïs à Chicago vendredi soir et lundi dernier.

Toutefois, comme les stocks de maïs US ont atteint à la fin de février un niveau jamais égalé dans le passé d’une part, et qu’ils resteront extrêmement élevés en fin de campagne d’autre part, la tendance haussière a rapidement été jugulée. Les prix du maïs US se retrouvent donc stables par rapport au niveau de la semaine dernière, à 158 $/t Fob Gulf. Les semis de maïs ont débuté aux USA alors que les premiers résultats de la récolte en cours en Argentine sont très bons malgré les pluies actuelles qui retardent un peu les opérations. Avec l’arrivée aussi de la seconde récolte brésilienne (récolte d’hiver), les mois qui viennent s’annoncent très lourds pour le marché mondial du maïs.

Ce contexte permet à l’Europe de poursuivre ses importations de maïs si bien que les grosses disponibilités de l’Europe centrale (Hongrie notamment) qui n’ont pu s’exporter au début de la campagne à cause des basses eaux sur le Rhin et le Danube, pèsent sur les prix et poussent le maïs français à la baisse. Les prix Fob Rhin viennent ainsi d’abandonner 5,5 €/t cette semaine à 167,5 €/t.

Évolution en ordre dispersé en blé

Le prix du blé meunier français a encore abandonné 1 €/t cette semaine, à 158 €/t rendu Rouen. En un mois, les prix français ont perdu 12 €/t sous l’impact de l’affaissement des blés russes et des blés US, dans un contexte où les opérateurs veulent à tout prix éviter de garder des stocks français de qualité passable en fin de campagne.

Chicago a bien essayé de réagir en hausse en fin de semaine dernière suite à la publication par l’USDA d’intentions de semis très basses pour les blés de printemps US. Comme en maïs, cette hausse s’est toutefois rapidement arrêtée car les stocks de blé US (au 1er mars) étaient les plus hauts depuis le milieu des années 1980. Les prix des blés US sont ainsi repartis à la baisse au cours de la semaine continuant à peser sur les autres origines.

Sur le créneau fourrager, des ventes de plusieurs bateaux français à l’Asie ont été confirmés. Faisant suite à ce regain de demande, les prix du blé fourrager ont regagné 5 €/t cette semaine à Rouen à 149 €/t.

Forte demande en blé pour l’UE

Faisant suite au différend entre la Russie et la Turquie, l’Europe est en train d’exporter nettement plus de blé meunier que prévu à la Turquie en remplacement des blés russes que la Turquie exclut actuellement. Ce report de demande profite surtout à l’Allemagne, aux pays baltes et à la Hongrie mais pas à la France pour des raisons qualitatives. Les blés français, en revanche, ont probablement capté une part non négligeable du dernier achat de l’Algérie cette semaine (pour un total de 400 à 580 000 tonnes).

L’exportation tire l’orge à Rouen

Les prix de l’orge restent très impactés par ceux du blé avec une baisse en Moselle pour les orges fourragères cette semaine (–2 €/t) à 122,75 €/t mais une hausse à Rouen de 1,75 €/t à 137,25 €/t. La France continue en effet d’exporter vers l’Arabie – 3 bateaux Panamax de 60 000 tonnes chargés depuis le début d’avril – et cela soutient les valeurs en zone portuaire. Pas de changement pour les orges brassicoles de l’ancienne récolte à 164 €/t Fob Creil (hiver) et 188 €/t (printemps). Les cotations pour la nouvelle récolte sont inférieures à celles de l’ancienne et l’écart entre les deux campagnes devrait s’élargir en raison de la remontée de la production brassicole attendue pour la prochaine campagne dans plusieurs pays de l’UE.

Forte hausse prévue des surfaces de soja aux USA

Le 31 mars (après notre publication), l’USDA dévoilait ses prévisions de surfaces semées pour les principales cultures aux États-Unis. Avec plus de 36 millions d’hectares (Mha), la surface de soja atteindrait un nouveau record, en hausse de 7 % par rapport aux emblavements de 2016. De plus, les stocks estimés au 31 mars étaient eux aussi supérieurs aux attentes. Ces estimations, supérieures aux attentes des marchés, ont fait plonger les cours dans la journée de vendredi sur la place de Chicago. Les prix ont ensuite varié légèrement avec des inquiétudes sur une vague de précipitations en Argentine, qui ne devrait finalement pas avoir beaucoup d’effet. Ainsi, à Chicago, le cours du soja se replie de 8 $ cette semaine à 346 $/t sur le rapproché (échéance de mai 2017). Les ventes à l’exportation ralentissent comme prévu et les stocks de la fin de la campagne s’annoncent donc élevés. Dans les prochaines semaines, la météorologie sur les grandes plaines du nord-ouest des États-Unis sera à surveiller de près : des emblavements inférieurs aux prévisions pourraient rapidement faire remonter les cours.

Les cours du colza rebondissent

Malgré la nouvelle baisse des cours du soja, les prix du colza en France rebondissent cette semaine sur le rapproché. Le colza valait ainsi hier soir 397 €/t rendu Rouen (+7 €/t) et 405 €/t en Fob Moselle (+6 €/t). Sur Euronext, la cotation de l’échéance de mai remonte elle aussi de 6,75 €/t cette semaine (à 402 €/t). La baisse observée à la fin de mars avait permis une remontée marquée des marges de trituration dans un marché tendu, et une correction semblait donc nécessaire. De plus, cette semaine, les prix des huiles sont remontés de manière marquée (+30 €/t), soutenus par le baril de pétrole. Il est à noter que les cours de la nouvelle campagne (récolte de 2017) gagnent environ 5 €/t (à 367,5€/t pour l’échéance d’août sur Euronext), malgré des conditions climatiques pour l’instant favorables.

Au Canada, les cours poursuivent leur recul (–4 $/t cette semaine), plombés par les baisses observées sur le soja à Chicago.

La cotation du tournesol reprend son recul cette semaine à Saint-Nazaire (–10 €/t à 355 €/t).

Les prix des tourteaux lestés par la graine de soja

Les prix des tourteaux de soja reculent de 7 $/t sur le marché à terme de Chicago. Sur le marché français, le prix du tourteau de soja recule de 6 €/t à Montoir (à 337 €/t). Les cours subissent la pression de la graine de soja, tandis que les cours du maïs sont eux aussi en recul cette semaine.

Le prix du pois fourrager départ Marne reprend sa chute cette semaine après une pause la semaine précédente. Les cours sont maintenant estimés à 210 €/t (–6,5 €/t cette semaine).

À SUIVRE : conditions de semis aux USA, conditions de récolte en Amérique du Sud, conditions climatiques européennes (colza et céréales à paille), évolutions des prix russes et US en blé.

Tallage

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