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Antibiotiques L’antibiorésistance reste élevée dans l’UE

© Yann Cainjo

« La résistance aux antimicrobiens constitue une menace sérieuse pour la santé publique et pour la santé animale », avertit l’Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) dans un rapport publié mercredi 22 février 2017.

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Le commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis, a annoncé pour l’été un nouveau plan d’action « pour coordonner les futures mesures destinées à réduire la propagation du phénomène ».

Dans un communiqué, l’agence rappelle que les bactéries résistantes entraînent environ 25 000 décès chaque année dans l’UE. Ainsi, la résistance des salmonella à plusieurs antimicrobiens est particulièrement élevée, même si elle demeure faible vis-à-vis des médicaments utilisés pour soigner les cas humains d’infections graves. « Une utilisation prudente des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire est cruciale pour relever le défi posé par la résistance aux antimicrobiens », souligne Mike Catchpole, scientifique en chef au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Des différences selon la zone géographique

Le rapport souligne les différences observées selon la zone géographique : les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest ont généralement des niveaux de résistance inférieurs au reste de l’UE. Pour Marta Hugas, chef de l’unité sur les contaminants et les dangers biologiques à l’Efsa, cette observation est « très probablement » liée à l’utilisation des antimicrobiens localement. « Dans les pays où des mesures ont été prises pour réduire, remplacer et repenser l’utilisation d’antimicrobiens chez les animaux, on observe des niveaux inférieurs de résistance », explique-t-elle.

Limiter l’utilisation d’antimicrobiens est « crucial »

En janvier, l’Efsa et l’EMA (Agence européenne des médicaments) jugeaient qu’il était « crucial » de limiter l’utilisation d’antimicrobiens « au minimum nécessaire pour traiter les maladies infectieuses chez les animaux ». Les deux agences préconisaient notamment un changement dans le système d’élevage « en mettant en œuvre des pratiques agricoles qui empêchent l’introduction et la propagation des maladies dans les fermes, et en se penchant sur des systèmes agricoles alternatifs ».

Des résistances aux carbapénèmes ont été détectées pour la première fois sur des animaux et dans des aliments. Néanmoins, les niveaux de résistance chez des bactéries E. Coli dans le porc ou la viande de porc restent très faibles. Des bactéries E. Coli productrices de bêta-lactamase, résistantes à un large spectre d’antibiotiques (parmi lesquels les dérivés de pénicilline et les céphalosporines) ont été détectées dans des viandes de bœuf et de porc, et chez des veaux et des porcs. Des résistances à la colistine ont été trouvées chez des porcins et des bovins à des niveaux très faibles sur des salmonelles et des E. Coli.

En revanche, plus de 10 % des campylobacters chez l’homme montrent une résistance vis-à-vis de deux antibiotiques critiques, Les fluoroquinolones et les macrolides.

Des conséquences dramatiques

Les institutions internationales et les chercheurs sont très alarmistes sur le sujet. En septembre, une étude britannique affirmait que les bactéries résistantes pourraient « tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici à 2050, soit autant que le cancer ». La Banque mondiale a, quant à elle, estimé que le problème pourrait « entraîner une chute de plus de 5 % du PIB dans les pays à bas revenus et précipiter jusqu’à 28 millions de personnes dans la pauvreté d’ici à 2050 »…

E.C. d’après l’AFP

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