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Céréales La remontée de l’euro plombe les cours (Tallage)

© S. Champion

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Après une phase de baisse, le marché mondial du blé a été marqué à la fin de la semaine par plusieurs facteurs qui ont soutenu les prix, à Chicago notamment. Le premier est la présence sur le marché de plusieurs grands pays importateurs comme l’Algérie qui vient d’acheter presque 600 000 tonnes de blé tendre aux alentours de 205 $/t C & F (frais de transport inclus) pour chargement en avril (les origines ne sont pas encore connues mais les USA et l’Europe ont été mentionnées comme origines possibles). L’Éthiopie et l’Irak attendent de leur côté des réponses à des appels d’offres et la Jordanie aurait acheté 100 000 tonnes de blé US. Activité attendue mais qui souligne l’ampleur de la demande mondiale. Les ventes de blé US à la Jordanie ne sont pas très fréquentes et cela a été perçu comme un facteur de soutien mercredi pour les prix US.

Au milieu de la semaine aussi, un mouvement de rachats de positions vendeuses s’est manifesté sur les marchés à terme. Et enfin, le regain de tension entre la Russie et l’est de l’Ukraine a suscité des inquiétudes et conduit à un petit rebond des prix. Il est également intéressant de constater que les prix meuniers russes ne baissent guère malgré l’ampleur des stocks encore à vendre. Les valeurs russes se sont même encore renchéries (à 190 $/t Fob pour le blé meunier à 12,5 % de protéines) soutenues par un rouble qui reste fort face au dollar et par des ventes actives. Comme mentionné la semaine dernière, la Russie a été la seule origine retenue lors du dernier achat de l’Égypte.

Après une baisse au début de la semaine, les prix US se sont relevés au cours des deux derniers jours, ils ont augmenté de 3 $/t sur la semaine. Dans l’UE, au contraire, le mouvement de rebond de la fin de la semaine a été limité par la remontée de l’euro face au dollar (à 1,08) dans la foulée des déclarations de Donald Trump aux USA. Ainsi, les prix européens de blé ont baissé de 3 €/t en rendu Rouen et se retrouvent actuellement à 168 €/t en base juillet. Sur Euronext, après une chute de 3 €/t, les valeurs se sont relevées et les prix se retrouvent au même niveau que la semaine dernière à 170 €/t jeudi soir pour l’échéance de mars.

En maïs, les prix ont peu varié. L’information importante de la semaine est la remontée du niveau des eaux sur le Rhin et le Danube. Cela devrait rétablir un trafic normal (après plusieurs mois de basses eaux) sur ces deux fleuves majeurs pour l’expédition des maïs de la Hongrie, qui dispose de stocks énormes cette année, vers le Benelux. Cet élément devrait donc diminuer la demande en maïs français qui serait baissier. Au niveau mondial, les prix ont peu bougé, ils sont soutenus par une bonne demande aux USA (pour la production d’éthanol et à l’exportation).

Les cotations des orges fourragères françaises ont peu varié depuis le mois dernier, le rendu Rouen gagnant 1 €/t à 142 €/t. En dollar, l’orge fourragère française conserve sa meilleure compétitivité vis-à-vis des origines mer Noire, ces dernières s’étant renchéries d’une semaine sur l’autre. Les exportations françaises se sont dynamisées au cours du mois de janvier, notamment à destination de l’Afrique du Nord, après une première moitié de campagne particulièrement peu active. Les prix mondiaux de l’orge restent soumis à la pression baissière de l’orge australienne, dont la récolte de 2016 a pulvérisé les précédents records. Pour les orges brassicoles, la cotation Fob Creil de printemps a gagné 1,5 €/t par rapport à la semaine dernière (à 190,5 €/t) et celle d’hiver a perdu 2 €/t (à 163 €/t).

Oléagineux : repli général derrière le soja

Les prix du soja à Chicago sont une nouvelle fois sur le déclin cette semaine (recul de 3 $/t cette semaine) en raison, d’une part, des conditions climatiques favorables au développement des plantes sur le continent sud-américain. En Argentine, la Bourse de Buenos Aires souligne que le climat, sec cette semaine, a permis aux sols engorgés d’eau au centre du pays de s’assécher en partie. Plus au sud, où les cultures étaient menacées par une sécheresse, des pluies plus que bienvenues sont tombées et ont bénéficié aux plants de soja, entrés dans une phase clef de l’élaboration du rendement. Du côté du Brésil, la récolte se poursuit et continue de révéler d’excellents rendements. À la fin de janvier, plus de 30 % des surfaces de soja du Mato Grosso étaient récoltées, ce qui devrait alimenter le marché mondial rapidement. Déjà, en janvier, le géant sud-américain avait pu exporter plus de 900 000 tonnes de soja, contre moins de 400 000 tonnes en janvier 2016. De plus, les chargements déjà planifiés dans les ports brésiliens suggèrent que les exportations pourraient s’élever à plus de 4 millions de tonnes sur février, là aussi proche du double de l’an passé. Sauf accident climatique, ces disponibilités exceptionnelles devraient peser sur les prix du complexe oléagineux dans les semaines à venir.

Les conséquences des mesures de la nouvelle diplomatie américaine pourraient aussi avoir un effet déprimant sur les cours du soja. Le conflit autour du mur que Donald Trump souhaite construire entre les USA et le Mexique, ainsi que la refonte de l’Alena (accord de libre-échange entre Mexique, USA et Canada) voulue par le nouveau président, pourraient avoir des conséquences sur les exportations agricoles des États-Unis. Rappelons que le Mexique est le 2e client en volume pour le soja américain sur le marché mondial, avec 3,5 millions de tonnes importées chaque année.

Les prix du colza suivent cette tendance baissière, avec une perte de 6,50 €/t pour le Fob Moselle et de 7,50 €/t rendu Rouen. Au Canada, les cours du canola ont également reculé sur la semaine (–3,5 $/t). C’était toutefois avant que Statcan ne dévoile le résultat de son enquête sur les stocks de grains au 31 décembre 2016 : ceux de canola sont en recul de 10 % sur l’année, et atteignent le niveau le plus bas des quatre dernières années. À court terme, cela devrait soutenir les prix des colzas européens.

Le tournesol reste coté à 380 €/t à Saint-Nazaire. À moyen terme, les prix devraient reculer sous l’effet du désintérêt des triturateurs, les marges industrielles issues de la transformation de cette graine oléagineuse étant actuellement historiquement basses. Les achats pourraient ralentir durant les prochaines semaines.

Tourteaux : le soulagement des cultures en Argentine pèse sur les prix

Le retour de conditions climatiques favorables a atténué la pression sur le prix des tourteaux, qui reculent de 8 $/t sur la semaine à Chicago, et de 11 €/t en France (au Montoir).

Le prix du pois fourrager remonte de 3 €/t sur la semaine (à 225 €/t départ Marne), montrant le petit regain d’intérêt des fabricants d’aliments pour cette matière.

À SUIVRE : prix des blés mer Noire, taux de change, conditions de développement des cultures, reprise des exportations de maïs hongrois via le Danube, conditions climatiques en Argentine et au Brésil, évolution de la diplomatie entre États-Unis et Mexique.

Tallage

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