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Cuirs et peaux De meilleurs cuirs sans plus-value pour l’éleveur

© V. Scarlakens/GFA

La filière du cuir a présenté son livre blanc le 24 janvier 2017, à Paris. Une des dix propositions concerne l’augmentation de la production française de cuir de veau d’excellence.

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« La France est depuis toujours un grand pays du cuir et nos entreprises sont surtout demandeuses en matière première de haute qualité. Paradoxalement, moins de 20 % des cuirs de veaux français répondent aux critères de l’industrie du luxe et la demande ne cesse d’augmenter », déclare Frank Boehly, président du Conseil national du cuir (CNE).

Les principaux défauts des peaux brutes résultent de blessures mécaniques (en élevage ou durant le transport), du parasitisme, d’erreurs lors de l’arrachage en abattoir ou de mauvaises conditions de stockage. Un « guide de bonnes pratiques durant le parcours de l’animal » a été réalisé par le syndicat général des cuirs et peaux. Ce syndicat mène des actions de sensibilisation et d’accompagnement des éleveurs, transporteurs et abatteurs dans l’amélioration des pratiques et l’adaptation de leurs installations.

Quels financements ?

« Notre proposition majeure est la vaccination systématique contre la teigne de l’ensemble du cheptel bovin. En deux ans, la teigne pourrait quasi disparaître des élevages, à l’exemple de ce qui s’est fait en Norvège. », expose Jérôme Verdier, président de la Fédération française de la tannerie-mégisserie. Un plan de vaccination d’une telle ampleur coûterait plusieurs dizaines de millions d’euros. Le CNE a conscience de la difficulté que représente un tel financement pour les professionnels de l’amont et demande donc une aide de l’État.

La seconde proposition est celle d’un accompagnement des éleveurs lors de leurs travaux de modernisation ou lors de leurs installations. Encore une fois, aucun financement partagé entre les acteurs de la filière n’est envisagé. Denis Geissmann, président du Syndicat général des cuirs et peaux, allant même jusqu’à considérer qu’il est du devoir de l’éleveur de veiller au bien-être de ses animaux et donc de livrer des peaux exemptes de défaut. « Il faut que les éleveurs prennent conscience de leur travail », estime-t-il. Une absence d’engagement financier étonnante quand on sait qu’un cuir de bonne qualité en sortie de tannerie se valorise cinq fois plus qu’un cuir de bas de gamme.

Intéressement des éleveurs

Si la question du partage des coûts n’est pas encore envisagée, celle de la redistribution aux éleveurs d’une partie de la valeur ajoutée créée est encore moins à l’ordre du jour. L’argument principal étant que 80 % des veaux sont issus de l’intégration où l’éleveur reçoit une plus-value sur le cinquième quartier. Les abatteurs répercuteraient donc indirectement le prix des peaux vendues.

Cependant, « pour le moment rien n’est normé et, pour l’éleveur, il n’y a pas de différence de rémunération entre une peau de bas de gamme et une peau excellente », précise Alexandre Merle, président d’Interbev Veaux (Interveaux).

Avancer pas à pas

« Nous partageons la même vision des choses avec le président du CNE », déclare M. Merle, « mais il faut travailler par étapes et de façon transparente ». Il demande au préalable la réactivation de la commission transversale du cuir, qui réunit tous les acteurs de la filière.

« La première étape sera de réfléchir au financement des actions à mettre en œuvre en élevage. » Dans le Rhône-Alpes, les frais relatifs à la mise aux normes des bâtiments, à la vaccination contre la teigne et aux traitements antipoux apparaissent en pied de facture. La Région en finance une partie, l’autre partie étant supportée par les abatteurs. « Cette pratique peut tout à fait s’étendre aux autres régions. »

« Dans un second temps, il faudra trouver un système qui permette le partage de la valeur ajoutée. Je préfère avancer pas à pas et construire quelque chose de solide », complète le président d’Interveaux.

Valérie Scarlakens

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