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Manifestations Macron n’apaise pas les agriculteurs

L’appel de FNSEA-JA à manifester devant les préfectures et permanences d’élus est suivi par une quinzaine de départements. Ici à Blois, le 11 décembre. © @Fdsea41

La grogne est toujours aussi vive après l’allocution présidentielle du 10 décembre 2018. Assumant ou non leur place aux côtés des gilets jaunes, les agriculteurs maintiennent leur mobilisation cette semaine.

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Après trois semaines de tensions sociales, incarnées par le mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Macron a décrété un « plan d’urgence économique et social », le 10 décembre 2018, lors de son intervention télévisée.

Rien sur l’agriculture

Derrière ce grand nom, le président de la République a listé une série de mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français : un petit coup de pouce au Smic via une revalorisation de la prime d’activité (mesure prévue depuis longtemps, mais finalement applicable dès 2019 sans échelonnage), l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraites entre 1 200 € et 2 000 € par mois, le retour des heures supplémentaires défiscalisées (dès janvier au lieu de septembre 2019, comme cela a été prévu)…

Mais sur l’agriculture : rien. Les paysans doivent se contenter de l’engagement du gouvernement, quelques jours plus tôt, d’appliquer les ordonnances de la loi portant sur l’alimentation dès janvier 2019, après moult atermoiements sur le calendrier et alors même que leur intérêt ne fait pas l’unanimité (lire la page 21). Insuffisant pour déminer le terrain.

Les actions se poursuivent

Il faut dire qu’entre la fracture territoriale, « l’agribashing », l’augmentation de la redevance pour pollution diffuse et la faiblesse des retraites agricoles, les motifs de colère ne manquent pas chez les agriculteurs. Les syndicats ont décidé de poursuivre leur mobilisation cette semaine, en se gardant toutefois de tout « amalgame » avec les gilets jaunes. Autant par respect de leur apolitisme que pour ne pas être associés aux débordements…

La FNSEA et JA appellent ainsi à des manifestations isolées devant les préfectures et permanences parlementaires. « On n’est pas là pour mettre le pays en révolution, confie une élue locale de la FDSEA, mais ça ne doit pas nous empêcher de sortir ! » Une quinzaine de départements ont répondu à l’appel et prévu des actions tout au long de la semaine (Vendée, Loire-Atlantique, Île-de-France, Hauts-de-France, Loiret, Indre, Manche, Calvados…).

« Minorité radicalisée »

De son côté, la Coordination rurale (CR) n’invite à rejoindre les gilets jaunes qu’à titre individuel. Ils étaient malgré tout nombreux sur les barrages de France, avec ou sans drapeaux syndicaux. Comme à Agen, Damazan et Marmande, où la CR du Lot-et-Garonne a organisé le 11 décembre des opérations de péage gratuit. Pour Bernard Lannes, président de la CR, « sur le terrain, 70 % des agriculteurs sont désabusés et ne bougent plus, par résignation. Les 30 restants se radicalisent dans les mouvements. »

A la Confédération paysanne, on partage « pleinement les revendications sur le pouvoir d’achat » des gilets jaunes, mais il revient aux équipes locales de décider de les rejoindre. C’est notamment le cas du Var, où « tout le monde est très remonté », rapporte Sylvain Apostolo, tête de liste aux élections à la chambre, bien décidé à suivre encore le mouvement avec ses troupes. Selon lui, « il va falloir plus que de petites augmentations marginales pour calmer la colère des gens ! »

« Jupiter c’est bien, mais terre à terre, c’est mieux ! »

Tous regrettent le décalage entre les espoirs nés des États-généraux de l’alimentation et les réalités du terrain. Leur déception à la suite de l’allocution présidentielle est palpable. Ils pourraient reprendre le bon mot qu’André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), a adressé au Président le lendemain dans les colonnes du Point : « Jupiter c’est bien, mais terre à terre, c’est mieux ! »

Alain Cardinaux

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