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Manifestations « Stop au matraquage de notre agriculture »

À l’appel de la FDSEA et de JA du Bas-Rhin, les agriculteurs ont manifesté pour dire « Stop au matraquage de notre agriculture ». © FDSEA du Bas-Rhin

La FDSEA et JA en Alsace et dans l’Eure-et-Loir, la Coordination rurale en Dordogne, les agriculteurs ont manifesté leur colère. Revenu, phytos, taxe carbone… les griefs ne manquent pas.

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Plus d’un millier d’agriculteurs ont sillonné les routes du Bas-Rhin le 3 décembre 2018 avec leurs tracteurs pour dénoncer le « matraquage » dont ils s’estiment victimes. À l’appel de la FDSEA et des JA, sans gilet jaune, mais avec un même sentiment de ras-le-bol que les manifestants sur les ronds-points, ils se sont rendus dans les sous-préfectures et dans les permanences de députés.

Ils ont fustigé les États-généraux de l’alimentation qui n’ont débouché sur aucune hausse (pourtant visée) de la rémunération de leurs productions et la remise en cause de l’exonération de cotisations patronales pour les travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi (TODE) qui mine leur compétitivité.

À Strasbourg, ils ont vertement critiqué les mesures compensatoires écologiques qui leur sont imposées sur 1 260 ha de terres dans le cadre du contournement autoroutier de la ville alors que l’infrastructure consomme déjà 280 ha de surfaces agricoles.

« Qui sème des taxes, récolte des pierres »

© JA Eure-et-Loir

Lundi toujours, à Chartes, une centaine d’agriculteurs se sont retrouvés à l’appel de JA de l’Eure-et-Loir pour présenter à la préfète un ensemble de revendications, avec en tête de liste l’évolution de la réglementation sur l’utilisation des produits phytosanitaires.

Julien Lefèvre, secrétaire des JA a indiqué que la hausse de la redevance pour pollutions diffuses (RDP) sera de 3 000 € pour une ferme moyenne dans la Beauce. Rémi Rousseau, président du même syndicat, a fait remonter la colère des agriculteurs face à la suppression de certains produits, comme les néonicotinoïdes.

Il affirme que certains colzas sont sur le point de dépérir cette année en raison des attaques d’insectes. L’incertitude sur les conséquences de la loi de séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires, l’agribashing, et le site internet du gouvernement sur le glyphosate étaient aussi à l’ordre du jour.

« On nous pousse trop vers le bio »

Le président des JA s’inquiète aussi de voir que les services de l’état n’envisagent pas d’autres solutions que l’agriculture biologique. S’il affirme qu’il est bon que certains agriculteurs passent au bio car il y a un marché et parce que c’est une des solutions d’avenir, il déplore que d’autres chemins ne soient pas ouverts.

Pour lui, tout le monde ne peut pas passer en bio, et il faut que l’on garde un peu de chimie dans les moyens de production. Il prend l’exemple du cuivre qui vient d’être réhomologué et qui n’est pour lui peut-être pas la solution la plus durable à grande échelle. Il demande un accompagnement dans une transition environnementale qui prend en compte les différentes voies de l’agriculture. « Il y a de la place pour tout le monde. »

« On a proposé des choses »

Le président des JA précise que les agriculteurs sont venus dans une démarche constructive. Ils ont proposé à l’État représenté par la préfète de l’Eure-et-Loir, de mettre en place un plan de financement pour l’achat de matériels de désherbage mécanique. Ils ont aussi demandé la création d’un fond d’allègement des charges pour les agriculteurs installés depuis moins de 10 ans et qui ont une situation financière plus fragile.

Après deux heures de réunion et le dépôt de pierres devant la préfecture, Monsieur Rousseau, président des JA de l’Eure-et-Loir, ressort mitigé. « On a été écouté et entendu, mais on n’a pas obtenu d’avancées », déclarait-il à La France Agricole. Il attend que la préfète fasse remonter les revendications au gouvernement et se tient prêt à revenir si besoin est.

La Coordination rurale soutient les gilets jaunes

Blocage du centre des impôts à Bergerac. © Coordination rurale de la Dordogne

Autre département, autre manifestation. La coordination rurale (CR) a bloqué le centre des impôts de Bergerac. Leur revendication : la suppression des augmentations passées et futures de la taxe carbone. Éric Chassagne, président de la CR de la Dordogne, appuie la demande des gilets jaunes et refuse les aides compensatoires.

« Ces mesures évoquées par le gouvernement sont soumises à des démarches administratives compliquées qui ont pour but de décourager les agriculteurs d’en faire la demande », estime-t-il. Il demande une simplification administrative et un effet direct sur le prix, en accord avec la ligne directrice de son syndicat.

Contre le moratoire

Il refuse aussi la solution du moratoire qui est « un piège à cons », estimant qu’elle permet de faire passer l’augmentation de la taxe à un moment où l’opinion publique est concentrée sur autre chose, comme pendant les vacances d’été par exemple. L’annonce du Premier ministre d’un moratoire sur plusieurs hausses de prix confirme sa crainte, puisque le délai de 6 mois reporte la décision au début de juin 2019.

Mobilisation nationale prévue la semaine prochaine

De son côté, la FNSEA prépare une mobilisation la semaine prochaine pour s’opposer au matraquage fiscal des exploitations agricoles. Même si elle n’est pas liée au mouvement des gilets jaunes, cette manifestation semble contenir des revendications parallèles. Le détail des actions sera discuté demain matin lors du bureau national du syndicat.

R.H. et H.R.

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