Foncier Front commun « contre la folie Europacity »
Quelque 150 personnalités, de la pasionaria de l’anticapitaliste Naomi Klein à la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, signent une lettre ouverte « contre la folie Europacity » dans Libération ce vendredi 1er décembre. Elles demandent l’arrêt du projet de centre commercial et de loisirs.
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Ce « mastodonte », un pôle de loisirs, de commerces, de culture et d’hôtellerie de 3,1 milliards d’euros porté par Immochan, la filiale immobilière du groupe de distribution Auchan, cofinancé par le géant de l’immobilier chinois Wanda, « engloutirait sous le béton 80 hectares de terres agricoles, parmi les plus fertiles d’Europe », souligne la lettre.
« Peu compatible avec le développement durable »
Parmi les signataires, des philosophes, économistes, urbanistes, sociologues, un climatologue, un paysagiste, ou encore le titulaire de la chaire d’anthropologie au Collège de France. Mais aussi des défenseurs de l’environnement et de l’agriculture comme José Bové, Pierre Rabhi, Corinne Lepage et Marie-Monique Robin, qui signent rarement les mêmes tribunes que Christiane Lambert.
La lettre rappelle que le commissaire-enquêteur chargé de rendre un avis sur la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Gonesse (est du Val-d’Oise) a jugé le projet « peu compatible avec la notion de développement durable », et émis un avis défavorable à la révision du PLU de la commune, située juste entre les deux aéroports de Roissy et du Bourget.
Cette lettre conteste également la promesse de création de 10 000 emplois, soulignant qu’il « menace au contraire les grandes surfaces existantes. Le triangle de Gonesse illustre ce phénomène de cannibalisation des commerces entre eux, puisque la zone est bordée de quatre centres commerciaux qui peinent déjà à trouver leur clientèle et qui perdront au moins 3 000 emplois si le projet voit le jour », indique le texte, qui demande à l’État de « renoncer à ce complexe pharaonique et ruineux ».
« Stopper l’artificialisation des terres arables »
« Si l’on veut réduire l’empreinte écologique et ressouder nos communautés émiettées, il faut stopper l’artificialisation des terres arables et renoncer aux équipements hors sol », précise la lettre en citant Barcelone et Milan qui ont « fait le choix de protéger leur patrimoine agricole ».
Les signataires soutiennent un projet alternatif d’aménagement de la zone, présenté récemment par un groupe d’agronomes, architectes, urbanistes, ingénieurs et du collectif d’opposants au triangle de Gonesse. Selon ce projet, les surfaces visées par Europacity pourraient permettre « d’alimenter en légumes sains les cantines et hôpitaux des villes environnantes. Il est urgent de revenir sur terre. »
Le projet Europacity prévoit l’ouverture en 2024 à Gonesse d’une attraction touristique d’envergure internationale capable d’attirer 31 millions de visiteurs par an sur 80 hectares où la construction de logements est impossible en raison des nuisances sonores des aéroports. « On se demande pourquoi Europacity n’a pas décidé de s’installer sur l’ancien site industriel de PSA à Aulnay, voisin ; il s’agirait de reconversion de friche industrielle et pas d’accaparement de terres agricoles », a noté un opposant au projet lors de la réunion publique de Montreuil.
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