Libre-échange Le Ceta divise les États membres
Face aux 27 autres membres de l’Union européenne, Emmanuel Macron défendra une politique commerciale plus cohérente et protectrice. Un positionnement qui fait grincer des dents à Bruxelles.
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Emmanuel Macron plaidera, ce jeudi 19 octobre 2017, en faveur d’une politique commerciale européenne plus cohérente et protectrice, auprès des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Le débat pourrait être animé, selon des sources européennes, certains dirigeants considérant la vision du Français sur le commerce comme trop protectionniste.
« Dès que l’on parle de politique commerciale, deux camps se dessinent automatiquement » parmi les États membres, relève une source européenne. Au nord de l’Union, les défenseurs du libre-échange, appuyés par la Commission européenne ; au sud, les tenants d’une politique commerciale désormais plus protectrice, la France en tête. « Je n’aime pas l’approche de principe selon laquelle nous devrions ralentir les négociations de libre-échange, déclare le Premier ministre suédois Stefan Löfven. Ce n’est pas notre position. Nous avons besoin d’accords commerciaux. »
D’autres négociations à venir
Le Président s’inquiète de voir la Commission, compétente au nom des 28 en matière commerciale, « se précipiter » dans la négociation de certains accords de libre-échange au mépris d’une opposition populaire grandissante. L’inquiétude de Paris est d’autant plus grande que l’UE a accéléré son agenda commercial au cours des derniers mois, en particulier avec des pays susceptibles de concurrencer son agriculture.
Bruxelles a ainsi relancé les discussions avec le Mexique, mais aussi le Mercosur, avec qui elle est prête à faire des concessions sur le bœuf et l’éthanol dans l’espoir d’élargir les débouchés pour ses automobiles. La Commission a parallèlement annoncé l’ouverture prochaine de discussions avec deux autres pays où l’agriculture joue un rôle majeur : l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Bruxelles seule aux manettes
S’ajoute à cela une jurisprudence récente de la justice européenne qui semble laisser la possibilité à Bruxelles de conclure seule, c’est-à-dire sans ratification des Parlements nationaux, ses futurs traités commerciaux. Une brèche dans laquelle est prête à s’engouffrer la commissaire au Commerce, Cecilia Malmström, pour éviter que les accords de l’UE ne rencontrent les mêmes difficultés que le Ceta.
Cecilia Malmström entend aussi tirer profit de la défiance du président américain Donald Trump envers les traités de libre-échange pour multiplier les accords. Entre la Suédoise, qui veut accélérer, et Emmanuel Macron, le pied sur la pédale de frein, le président de la Commission Jean-Claude Juncker tente de jouer les médiateurs. « Je ne voudrais pas que nos concitoyens considèrent tout accord commercial comme un attentat contre nos principaux intérêts », disait-il le 16 octobre.
Hélène Chaligne, avec l’AFP
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