Foncier Alerte sur l’artificialisation des sols en Île-de-France
« L’Île-de-France doit limiter la consommation des terres agricoles à 1 300 ha par an jusqu’en 2030 », défend le Conseil économique, social et environnemental de la Région qui dénonce les effets du mitage.
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« Un de mes voisins emprunte illégalement la voie rapide avec son tracteur pour se rendre dans le Val-de-Marne, raconte Hervé Billet devant ses collègues du Conseil économique, social et environnemental (Ceser) d’Île-de-France, mais il n’a pas d’autre choix ». Agriculteur lui-même, le président de la Commission agricole rappelle en effet que l’artificialisation des terres n’a pas seulement pour effet de réduire le foncier agricole disponible, mais aussi de le morceler et de rendre ainsi très contraignant le travail des agriculteurs.
À l’occasion de l’examen du Pacte social voté le 31 mai dernier par la Région Île-de-France, le Ceser rappelle toutes les conséquences de l’urbanisation galopante sur les terres agricoles. La lutte contre l’artificialisation doit ainsi demeurer une priorité, souligne-t-il dans son avis rendu le 10 juillet 2018. Et il propose de limiter la consommation des terres agricoles à 1 300 ha par an jusqu’en 2030.
Le Ceser IDF propose de sanctuariser certaines zones agricoles. © Ivan Logvenoff/GFA
Pour une meilleure évaluation des impacts en amont
Certains projets, peu étendus en termes de superficie, remettent en effet en cause l’activité agricole : ils coupent les accès et limitent les échanges entre exploitations. Les projets de liaisons TGV Paris-Normandie ou encore Paris-Orléans-Clermont-Ferrand en cours risquent d’isoler davantage les exploitants. « On demande une vraie cohérence en matière de territoire », explique le président de la commission de l’agriculture. Il s’agit pour lui de consacrer les efforts sur les zones encore épargnées.
Pour le Ceser de la Région, la solution serait d’améliorer les processus d’évaluation des impacts, en amont des projets.
Un observatoire du mitage
« La vraie question, estime Claire Dadou-Willmann, rapporteure de cet avis, c’est la démographie. Si la population continue d’augmenter dans la Région, on ne pourra pas empêcher le grignotage des terres. »
Pour atteindre ce but, le Ceser propose de sanctuariser certaines zones agricoles avec les acteurs de la Région. Un observatoire régional du mitage serait également nécessaire. Enfin, pour le Ceser, « l’agrivoltaïque » n’a pas sa place dans l’Île-de-France : ces projets doivent se limiter aux toits, estime-t-il encore.
Au final, le pacte agricole voté par la Région prend bien en compte toute la dimension de l’agriculture, souligne le Ceser, tant en matière de consommation que d’emplois et de production. Ses membres indiquent toutefois qu’ils se montreront très vigilants quant au budget alloué : à hauteur de 150 millions d’euros, cette somme devra être consacrée, comme convenu à l’ensemble des mesures agricoles portées le pacte, préviennent-ils.
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