États-généraux de l’alimentation « Touchez pas aux prix bas »
Les États-généraux de l’alimentation conduiront-ils à une augmentation des prix en rayon ? À la suite de Leclerc, l’UFC-Que Choisir, dans une note publiée le 29 septembre 2017, s’oppose à une telle issue.
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Michel-Edouard Leclerc s’est trouvé un allié précieux dans sa lutte contre les velléités d’augmenter les prix en rayons qui montent des États-généraux de l’alimentation : dans une note publiée ce vendredi 29 septembre 2017, l’UFC-Que Choisir monte à son tour au créneau. Elle s’oppose au projet de rehausser le seuil de revente à perte (seuil en dessous duquel un distributeur à l’interdiction de revendre un produit), dont pâtirait forcément le consommateur, estime-t-elle.
« 1,4 milliard d’euros de pouvoir d’achat ponctionnés inutilement »
« Les promoteurs de la mesure peuvent tenter de noyer le poisson, il n’en reste pas moins que, par définition, augmenter le prix de vente minimal auquel il est permis de revendre un produit conduira… à une hausse des prix, déclare l’association de consommateurs. Selon ses calculs, « un relèvement de 15 % du seuil de revente à perte, comme évoqué, se traduirait dès 2018 par une hausse des prix de 1,4 milliard d’euros, soit +2,4 % sur les rayons concernés. »
Surtout, l’UFC dénonce l’idée selon laquelle les agriculteurs profiteraient de cette mesure. « Obliger les distributeurs à vendre plus cher ne garantit en rien qu’ils achèteront plus cher à leurs fournisseurs », affirme-t-elle. Par ailleurs, « 21,5 % des dépenses des ménages en produits de grande consommation, touchés par cette proposition, sont sans lien avec la production agricole (produits d’entretien, d’hygiène-beauté, ou encore les eaux et sodas), dénonce-t-elle. À l’inverse, les produits agricoles non transformés (fruits et légumes, viande, poisson), vendus à des niveaux de marge déjà élevés, ne seraient en rien concernés par la mesure. »
Ligne de fracture
Un argumentaire rejoignant celui de Michel-Edouard Leclerc, qui fustige l’instauration d’une marge minimale sur tous les produits de consommation courante.« Des hausses de prix de 5 à 15 % sur des milliers d’articles alimentaires… sous prétexte d’aider les agriculteurs ! C’est le deal complètement irresponsable qu’en marge des États-généraux, certains industriels et même, des distributeurs, voudraient faire passer dans le train de mesures pour l’Agriculture », écrit-il sur son blog.
Et d’enfoncer le clou vendredi matin sur le plateau de BFM Business. En résumé : « Nous sommes d’accord pour payer plus cher ce dont on parle, c’est-à-dire le porc, le lait, la viande, les fruits, les légumes. Mais qui croira un seul instant qu’on va améliorer le niveau de vie des agriculteurs français en augmentant le prix de la lessive, des sodas ou du shampooing ? »
Sa sortie médiatique a suscité de vives réactions lors de la table-ronde organisée jeudi par les chambres d’agriculture (APCA). En particulier chez son concurrent de Système U, Serge Papin. De même du côté des industriels de l’Ania : « Michel-Édouard Leclerc est en train de s’isoler alors que lors des ateliers des États-généraux, la volonté de tous les acteurs est de bouger, de construire un autre avenir pour tous », taclait Jean-Philippe Girard, son président, mercredi.
Après la charge de l’UFC-Que Choisir, voilà le charismatique distributeur moins seul dans son combat pour « les prix bas ». Et voilà le gouvernement obligé de trancher sur la délicate question du pouvoir d’achat…
Alain Cardinaux
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