Login

Budget Pac 2020 Très vives réactions à la baisse envisagée par Bruxelles

© European Union

La Commission européenne a mis sur la table des propositions de coupes budgétaires, qualifiées d’« inacceptables » par le ministre Stéphane Travert, la FNSEA et la Coordination rurale, et de « hold-up » par l’eurodéputé Michel Dantin. Quant à la Confédération paysanne, elle s’interroge : « Un budget en baisse mais pour faire quoi ? »

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Une baisse d’« environ 5 % » du budget de la Pac, en euros courants, et un meilleur ciblage des aides. Voilà la proposition mise sur la table mercredi par la Commission européenne, qui avait tenté de préparer les esprits en ce sens depuis plusieurs semaines.

« La France ne peut accepter cette proposition », a aussitôt réagi le ministère de l’Agriculture, indiquant que pour Stéphane Travert, « une telle baisse, drastique, massive et aveugle, est simplement inenvisageable » et comporte « un risque sans précédent pour la viabilité des exploitations en impactant dangereusement le revenu des agriculteurs ».

De son côté, l’eurodéputé Michel Dantin a dénoncé « le casse du siècle à hauteur de 8,5 milliards d’euros ». Selon lui, les agriculteurs français et européens subiraient une baisse de leurs paiements directs de 9,5 % dès 2021, en euros courants. « En exprimant la baisse budgétaire en euros courants, [la Commission] cache la baisse annuelle liée à l’inflation qui automatiquement mènera à une baisse supplémentaire des paiements directs de 5,8 % en 2022, 7,6 % en 2023… jusqu’à 15 % en 2027 », dénonce encore l’eurodéputé qui se dit « sidéré ».

Alors que cette proposition n’est que le point de départ des négociations qui vont s’engager avec le Parlement et le Conseil européens, Stéphane Travert promet de « défendre fermement et sans relâche un budget à la hauteur des défis que l’agriculture européenne doit relever. »

Inaceptable pour les syndicats

Pour la FNSEA, « un tel budget est inacceptable : il ne permettra pas à l’agriculture de relever les nouveaux défis auxquels elle est confrontée, en particulier la volatilité des prix et le changement climatique ; il risque aussi d’accélérer le déclin de la compétitivité d’un secteur pourtant stratégique au titre de notre souveraineté alimentaire ; il menace directement le revenu des agriculteurs ».

« Dans ce budget, l’agriculture est sacrifiée puisque la Pac connaît un réel coup de rabot de 10 % en tenant compte de l’inflation ! Ce sera même 15 % de moins pour le premier pilier en 2027. Au-delà de la compensation du Brexit, la Pac est mise à contribution pour financer les nouvelles politiques de l’Union européenne (sécurité, défense) à hauteur de plus de 8 milliards d’euros », explique la FNSEA.

Le syndicat « en appelle solennellement au chef de l’État pour provoquer un véritable sursaut de l’Union européenne ».

Pour la Coordination rurale, la baisse du budget de la Pac « annonce une augmentation inévitable de la précarité des agriculteurs, impensable compte tenu de leur situation déjà très difficile ».

Pour Bernard Lannes, président de la CR, « il n’y a plus à tergiverser : la France doit maintenant prendre la tête d’une remise en cause radicale de la politique agricole commune et faire des propositions pour une politique moins dispendieuse mais efficace, avec des productions et des marchés régulés et protégés assurant un revenu équitable et stable aux agriculteurs européens que le système absurde actuel fait disparaître à un rythme accéléré ».

De son côté, la Confédération paysanne s’interroge : « Un budget en baisse mais pour faire quoi ? »

« La Commission entend-elle pérenniser la Pac actuelle, dont les règles d’éligibilité et de calculs discriminent les petites fermes et les fermes diversifiées, qui ne répond pas aux attentes des paysans et de la société ou prévoit-elle un véritable changement de cap ? C’est la réponse à cette question qui devrait guider les choix budgétaires de l’UE et non l’inverse ! »

« Ce choix, justifié par le Brexit, trahit-il en réalité la réponse à la question posée en aparté, il y a quelques mois, par le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas : « Avons-nous besoin d’autant d’agriculteurs en Europe ? » ? Si tel est le cas, cela augure mal de la future proposition législative de la Commission européenne sur la réforme de la Pac, dont le détail est attendu à la fin de mai », ajoute la Confédération paysanne.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement