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Congrès FNSEA « Pas de réponse sur la compétitivité »

Christiane Lambert ce 29 mars 2018 au congrès de la FNSEA à Tours. © P. Pavard/GFA

Le discours du ministre de l’Agriculture, venu clore le congrès de la FNSEA, à Tours, a suscité de nombreux sifflets sur les questions de compétitivité. Seule satisfaction, selon Christiane Lambert : les avancées sur le dossier des États-généraux de l’alimentation.

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« Il ne suffit pas de se déclarer en marche… Il faut mesurer le chemin réellement parcouru », observe, ce 29 mars 2018, Christiane Lambert, lors de la dernière journée du congrès de la FNSEA, à Tours. Et en la matière, la présidente se dit déçue. « Franchement, sur les décisions, on attendait mieux. Je suis très déçue de la non-écoute du gouvernement sur des sujets capitaux, comme celui de la compétitivité. »

À la manière d’un syndicaliste

À l’occasion de son discours, le ministre de l’Agriculture a surpris son assemblée, qui réunissait pas moins de 1000 personnes, en dénonçant le temps excessif exigé pour développer un projet de méthanisation en France : « 24 mois en Allemagne, 7 ans en France, ça n’est quand même pas normal », s’est-il exclamé, sous les sifflets des syndicalistes.

« Ce qui n’est pas normal, réagit Christiane Lambert, c’est que le ministre se lamente comme un syndicaliste. C’est bien au gouvernement de faire en sorte que les procédures aillent plus vite, et que le monstre administratif s’allège… En fait, il ne veut pas nous répondre. » Une posture adoptée à plusieurs reprises.

Même silence sur la suppression de la réduction de 7 points des cotisations maladie : « ils n’apportent pas de réponse. Pire, il propose la création d’une assurance chômage qui va représenter 4 points de cotisation en plus, tout en sachant que l’accès au chômage des agriculteurs n’est pas la solution attendue. C’est une déception ».

Le ministre de l’Agriculture ne s’est pas non plus prononcé sur la demande du syndicat d’exonérer les très petites entreprises agricoles de la taxe d’apprentissage.

Réunion le 6 avril sur les ZDS

Sur les zones défavorisées simples, les ZDS, alors que le zonage proposé par la France est en voie de validation à Bruxelles, un premier comité national de suivi est prévu le 6 avril. Stéphane Travert a expliqué qu’il reste encore à ce stade une petite marge de 70 000 ha pour traiter les cas des petites enclaves avec des critères de continuité territoriale.

Et pour ceux qui vont sortir du zonage, et notamment les situations les plus difficiles comme les jeunes agriculteurs ou des exploitants très endettés, le ministre leur a promis « autant que faire se peut des réponses taillées sur mesure ». Mais mystère sur les montants qui vont être dégagés pour cet accompagnement

L’effet pschitt sur les 5 milliards

« Le stop-and-go permanent que nous subissons, avec ces changements de gouvernement, est illisible », déplore Christiane Lambert regrettant aussi « le flou » du grand plan d’investissement. « Il répète à l’envi 5 milliards. Mais, ça n’est pas de l’argent frais : ce sont des dispositifs de garantie. Bref, ça risque de faire pschitt. »

Pas un mot non plus sur les préretraites/installation annoncée par Emmanuel Macron le 22 février dernier et attendu pour mai : « Nous attendions que le ministre vienne avec déjà une réflexion, des projets, une méthodologie… Rien ! C’est à lui que nous demandons d’avoir des réponses ! Et pas l’inverse ». En revanche, le ministre s’est montré plus attentif aux retraites des exploitants agricoles. Il a promis un prochain rendez-vous.

Le dossier ayant reçu les plus vives protestations est sans nul doute celui du Mercosur. « Dire que l’on va vendre sans donner un accès à son propre marché en retour relève de la facilité de langage », a indiqué Stéphane Travert, sous les huées de la salle. Il a rappelé que ces accords étaient aussi « une opportunité pour les agriculteurs ».

Seule satisfaction, les EGA

Selon la FNSEA, le seul sujet de satisfaction est venu des États-généraux de l’alimentation et de la fermeté du ministre sur le sujet : « ça va dans le bon sens ». Lors de son allocution, il s’en est pris à un « grand distributeur », sans le nommer, Michel Édouard Leclerc. « Il n’y a aucune fatalité à ce que ces hausses se traduisent par une augmentation globale des prix pour le consommateur. Il n’y a aucune fatalité à ce qu’il conserve cette nouvelle marge. »

Pac, le paiement redistributif restera à 10 %

« Il n’est pas question de toucher au paiement redistributif pour l’instant, a annoncé Stéphane Travert alors que la présidente de la FNSEA avait fait explicitement cette demande dans son discours. «La sagesse serait de stabiliser à 10 %, argumente-t-elle. Ne recommençons pas chaque année le psychodrame de l’été. »

Pour la future Pac, le ministre s’est attaché à démentir les doutes qui circulent sur l’ambition du budget et sur un éventuel cofinancement des aides directes. En vue de la feuille de route française que le président Macron a promise pour mai, la Présidente de la FNSEA a fait une offre de coconstruction militant au premier chef pour que les dépenses de l’Union européenne soient accrues afin que l’agriculture ne paie pas « l’avènement de nouvelles priorités que sont la défense, la sécurité et les migrants », sans oublier l’équation posée par le Brexit.

Rosanne Aries et Philippe Pavard

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