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Carburant Le gazole augmente… Et ce n’est pas fini !

© Stéphane Leitenberger

L’Union française des industries pétrolières (UFIP) constate la hausse du prix des carburants, en particulier du gazole. Une augmentation liée à la flambée du prix du baril de brut, mais pas seulement.

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Pour la première fois depuis trois ans, les représentants de l’industrie pétrolière (Ufip) avaient le sourire lors de leur conférence annuelle, qui s’est tenue aujourd’hui 6 mars à Paris. La raison de leur enthousiasme est principalement liée à la bonne tenue du prix du baril de brut, qui frôle désormais les 70 dollars, alors qu’il avait plongé à 30,7 dollars en janvier 2016. Pour les utilisateurs de carburant, et en particulier de véhicules diesel, il n’y a pas de raison de se réjouir puisque le prix à la pompe augmente très régulièrement, en particulier depuis mai.

L’accord qui fait remonter les cours

Francis Duseux, le président de l’Ufip, identifie trois causes à l’origine de l’envolée du gazole. La première est la plus connue : le respect de l’accord entre les pays membres de l’Opep et les pays non-membres pour diminuer la production et donc les stocks mondiaux d’or noir. En rééquilibrant l’offre et la demande, l’accord entre les gros exportateurs mondiaux (à l’exception des États-Unis, du Canada et de la Norvège) signé en 2017 et valable jusqu’à la fin de 2018, a fait progressivement remonter les cours.

De 30,7 dollars le baril de brent (mer du Nord) en janvier 2016, le prix du pétrole est passé à 69,1 dollars en janvier 2018, pour se fixer aujourd’hui autour de 63 dollars (50,8 €). Sur la même période, le prix du gazole à la pompe est passé de 1,12 €/l à 1,39 €/l en moyenne. Les États-Unis, qui voient leur puits de pétrole de schiste redevenir rentables avec un prix du baril supérieur à 55 dollars, détiennent actuellement la clé de ce marché. S’ils reprennent leur rythme de forage de 2015, les prix pourraient à nouveau baisser.

Rattrapage de la fiscalité et taxe carbone

Mais pour Francis Duseux, la véritable cause de la flambée actuelle du gazole n’est pas seulement à chercher dans les parties de poker menteur entre l’Opep, la Russie et l’Amérique du Nord. En France, le rattrapage de la fiscalité du gazole par rapport à l’essence plombe le prix à la pompe. L’augmentation graduelle de près de 3 centimes par litre et par an est prévue jusqu’en 2022.

Pour alourdir la facture, la taxe carbone vient s’ajouter à l’arsenal fiscal. Selon l’Ufip, elle est équivalente à 300 €/t, soit 3,7 centimes par litre de gazole pour 2018. Au 2 mars 2018, sur un litre de gazole acheté à la pompe, 0,53 centime est lié au produit pétrolier et 1,37 € aux différentes taxes (dont 1,3 centime par litre pour la TVA sur TICPE, 3,7 centimes par litre pour la taxe carbone et 2,6 centimes par litre pour le rattrapage fiscal).

Les taxes représentent donc 72 % du prix payé à la pompe, une proportion en augmentation de 157 % par rapport à mars 2017. La hausse ne va pas s’arrêter là puisque chaque année, jusqu’en 2022, 2,6 centimes supplémentaires par litre seront ajoutés au titre du rattrapage fiscal diesel/essence, auxquels il faudra additionner 2,8 centimes par litre pour la taxe carbone.

Le fioul est aussi impacté

Les utilisateurs de fioul domestique ne seront pas épargnés. Le FOD est aussi taxé cette année de 3,7 centimes supplémentaires par litre au titre de la taxe carbone. De 2019 à 2022, cette taxe passera à 2,8 centimes par litre. Selon l’Ufip, les taxes sur le FOD, qui ont augmenté de 7,2 % depuis 2017, enregistreraient une augmentation totale de 25 % d’ici à 2030.

Corinne Le Gall

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