Pays-Bas Préserver la nature et arrondir ses fins de mois
En Frise aux Pays-Bas, une association rémunère les agriculteurs qui participent à la préservation de la biodiversité et des sites de la région.
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Le jeu en vaut la chandelle. Plus de six mille euros supplémentaires de revenus par an en moyenne. C’est le montant de la « récompense » que les exploitants, affiliés au collectif agricole néerlandais NFW (Noardijke Fryske Wâlden), ont la perspective de percevoir pour leurs actions en faveur de la protection de la biodiversité et du maintien des paysages dans cette région de la province de la Frise.
3,9 millions d’euros de budget
Dans cette optique, l’association NFW, qui dispose d’un budget annuel de 3,9 millions d’euros, dirige, depuis 2016, un groupe d’agriculteurs. « Pour chaque euro mis sur la table par la province, Bruxelles en donne trois », calcule Wout van Vulpen, qui en est le secrétaire et œuvre pour la sauvegarde et le maintien en l’état des 53 550 hectares gérés par NFW. Cette association agit dans le cadre des mesures agroenvironnementales et climatiques pour la préservation de la biodiversité et des paysages (MAEC), mises en place conjointement avec les pouvoirs publics et les collectivités locales. Ses compétences entrent dans le cadre du deuxième pilier de la politique agricole commune.
Différentes actions rémunérées
Un agriculteur, qui s’engage à entretenir les zones boisées de ses terres pour préserver les paysages, peut percevoir 1,26 euro par mètre linéaire entretenu. Ce montant varie selon les tâches accomplies (élagage, abattage, replantage), le type d’arbres et la topologie du terrain boisé. Un autre, qui inonde ses champs ou les maintient en friche durant certaines périodes de l’année pour que les oiseaux aquatiques puissent s’y nourrir et s’y reproduire, perçoit entre 200 et 500 euros par hectare. Celui qui entretient les fossés de ses champs pour préserver la biodiversité (maintien d’espèces de poissons, de salamandres ou de plantes) peut gagner plusieurs centaines d’euros.
Les exploitants s’affilient à la NFW sur une base volontaire. Mais seuls ceux dont les terrains se situent dans les zones protégées répertoriées par la province peuvent s’engager dans cette politique de protection de la faune, de la flore et des sites naturels. Pour les démarches administratives, l’association déleste les paysans en se chargeant de l’ensemble de la gestion. Elle informe les pouvoirs publics des engagements pris par chaque agriculteur et coordonne les marches à suivre pour obtenir la rémunération due à chacun.
Contrôles annuels
« Si l’exploitant n’a pas mené à bien ses engagements, il a toutes les chances de perdre sa subvention », précise Albert van der Ploeg, président de NFW. « La province exerce des contrôles annuels stricts, en dépêchant deux fonctionnaires pour se rendre compte des résultats », poursuit cet ancien agriculteur.
Les Pays-Bas sont l’un des États membres de l’Union européenne les plus avancés en matière de collectifs agricoles impliqués dans la protection de la biodiversité. Le royaume compte une quarantaine d’associations de ce type. La Commission européenne leur accorde un budget annuel de 68 millions d’euros.
Didier Burg
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