Discours anti-viande Greenpeace rêve-t-elle d’une Pac végétarienne ?
Greenpeace défend l’idée d’une Pac pour « aider les éleveurs à aller vers des modèles plus écologiques », et qu’une partie des terres labourables utilisées pour nourrir les animaux, soient réorientées vers la production de fruits, légumes, légumes secs ou céréales pour l’alimentation humaine.
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Son argumentaire, Greenpeace l’a construit sur une étude conduite par son unité européenne et qu’elle rend publique ce 12 février 2019. Son titre est clair, une fois traduit : « Nourrir le problème. La dangereuse intensification de l’élevage européen. ». C’est bien la consommation de viande que l’ONG a dans le collimateur.
Changer de modèle
« Les subventions actuelles encouragent forcément l’agrandissement et l’intensification, nous emmenant droit dans le mur si on ne change pas de modèle, assure Suzanne Dalle, chargée de campagne dans le domaine de l’agriculture chez Greenpeace France, citée dans le communiqué. C’est l’élevage industriel qui est directement mis en cause par cette étude. »
Selon Greenpeace, 71 % des terres agricoles européennes étaient destinés à nourrir du bétail en 2017. Une moitié de cette surface est affectée aux « prairies permanentes qui peuvent apporter des bénéfices indéniables », reconnaît l’ONG. C’est l’autre moitié, qui lui pose un problème, celle des terres arables consacrée à l’alimentation des animaux d’élevage.
« La place démesurée » de l’élevage
« Selon ce rapport, sur l’intégralité des terres arables européennes, 63 % sont ainsi destinés à l’alimentation du bétail, insiste Greenpeace. Un chiffre qui démontre la place démesurée prise par l’élevage ces dernières décennies. » Et des terres que l’ONG préférerait consacrer à la production de fruits, légumes, légumes secs ou céréales destinées aux populations.
Comment faire pour réorienter ces terres vers la production de végétaux ? À travers la Pac qui « entretienne le système [actuel], selon Greenpeace. Une part conséquente des aides de la Pac sont distribuées à l’hectare, ce qui fait du secteur de l’élevage et de l’alimentation animale un bénéficiaire important du premier pilier de la Pac. »
Réorienter la Pac
Greenpeace n’oublie pas de rappeler que l’Europe importe également du soja pour nourrir ces animaux, et contribue ainsi à « la déforestation importée ». » Elle fait même un lien entre ce qu’elle appelle « l’intensification et la surproduction de protéines animales », et la diminution du nombre d’exploitations en Europe.
« Il faut absolument repenser la Pac pour encourager la transformation de l’élevage vers un modèle plus durable, moins gourmand en terres et moins intensif, insiste Suzanne Dalle. 50 % de ce budget doit absolument être réservé à l’agriculture écologique. Notamment dans le premier pilier, la moitié du budget doit servir à la mise en œuvre d’un dispositif obligatoire qui fournisse des bénéfices environnementaux et climatiques. »
Cette nouvelle attaque est dans la droite ligne de la tribune publiée le 28 janvier 2019 par plusieurs ONG, dont Greenpeace France, et qui disait vouloir « soutenir l’élevage durable ». À quelques mois des élections européennes et alors que les négociations sur la future Pac commencent, Greenpeace France met la pression.
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