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Crise Les Cuma en première ligne

A la tête de structures à vocation économique et sociale, les responsables de Cuma tentent de préserver les intérêts de chacun.

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Face à des impayés qui s’accumulent, la Cuma doit-elle continuer à faire les travaux ? Quand faut-il s’arrêter ? Ces questions, de nombreux présidents et trésoriers de Cuma se les posent en cette période de crise. « Nous sommes en permanence entre le marteau et l’enclume », résume Alain (1), président d’une Cuma en Bretagne. Il préfère rester anonyme, afin de ne stigmatiser aucun adhérent. « Lorsqu’un coopérateur commence à avoir du retard dans les paiements, je vais le voir. Je fais des relances verbales. Mais en fin d’année, je n’ai pas d’autre choix que de lui envoyer, après l’avoir informé, une reconnaissance de dettes par lettre recommandée. Ceci permettra à la Cuma d’être reconnue en tant que créancier en cas d’ouverture d’une procédure judiciaire », explique Alain, qui assume son rôle de médiateur.

Selon la FRCuma Ouest, qui couvre quatorze départements, dans son réseau, l’état des créances à la fin de 2015 représentait les deux tiers du chiffre d’affaires. Ce chiffre a augmenté de 10 % en trois ans. « Cela signifie que les Cuma sont payées, en moyenne, six mois après la réalisation des travaux. Ce sont des délais relativement longs par rapport à ceux d’autres fournisseurs », analyse Jean-Luc Boursier, président de la FRCuma Ouest. Quant à 2016, la tendance observée pour les premières clôtures comptables est à la hausse des délais de paiement. « Ce qui nous inquiète, c’est qu’il s’agit des retards concernant de gros montants, poursuit-il. Pour des petites sommes, la coopérative peut se débrouiller. Cela devient plus difficile en termes de trésorerie quand les créances sont élevées. » Pour une exploitation laitière qui fait faire tous les travaux d’ensilage et de moisson, la facture peut atteindre de 20 000 à 50 000 €, selon la taille de la structure.

« Les adhérents sont aussi nos voisins »

En période de crise, les Cuma contribuent souvent à soulager les trésoreries des exploitations en difficulté. En effet, comme le dit le président, « les adhérents sont aussi nos voisins ». Mais la solidarité ne doit pas fragiliser et mettre en danger les autres coopérateurs. « Si la Cuma ne fait pas les travaux de semis de maïs, nous condamnons l’éleveur et son avenir. Nous savons qu’il dépend de nous », insiste Alain. Déjà par le passé, sa Cuma a dû faire face à la liquidation judiciaire d’un adhérent. Créancier non prioritaire, elle n’a récupéré qu’un tiers de sa dette. Les autres adhérents ont supporté la charge restante. Aujourd’hui, elle a 30 000 € dehors, et il faut payer deux salariés. « Nous sommes contents d’avoir la Cuma pour diminuer nos charges de mécanisation, rappelle Alain. Perdre, par exemple, 50 hectares de cultures peut remettre en cause le fonctionnement de la structure, son équilibre, ses possibilités d’investissement. »

(1) Le prénom a été modifié.

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