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Rapport d’orientation La FNSEA veut refonder l’Europe agricole

Christiane Lambert lors de la présentation du rapport d’orientation, entourée des membres du bureau de la FNSEA (de gauche à droite Jérôme Volle, Henri Brichart, Jérôme Despey et Daniel Prieur) © Y. Deret

Face aux sirènes du repli national, synonyme d’impasse, le syndicat formule des propositions pour redonner du sens à la construction européenne et l’orienter vers moins de technocratie. Elles seront débattues au prochain congrès de Brest.

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Et si la France quittait l’Europe ? L’éventualité d’un « Frexit », souhaité par quelques candidats à la présidentielle, a été étudiée de près par la FNSEA. Dans son rapport d’orientation 2017, présenté le 21 mars 2017, le syndicat livre un scénario fiction catastrophique pour le secteur agricole français. Abandon de l’euro, amplification de la dette, perte de souveraineté, baisse des aides directes…

« La crise sur les marchés serait sans précédent, les normes nous seraient imposées par les acheteurs allemands et les finances du pays ne permettraient pas de soutien comparable suite à la dévaluation du franc », résume le syndicat. Un avertissement pour l’instant sans frais mais surtout, une manière pour lui de prendre position dans la campagne sur un sujet qui agite les foules, y compris paysannes.

« Mieux d’Europe »

L’Europe oui, mais en mieux, clame la FNSEA, qui regrette que l’Union européenne (UE) soit aujourd’hui considérée comme « un géant économique, mais un nain politique » qui, par exemple, part en ordre dispersé dans les négociations commerciales mondiales. Elle fait le constat que l’élargissement à l’Est a été trop rapide et a stoppé le processus de convergence entre les pays. Le résultat est un « développement inquiétant de la subsidiarité » avec pour corollaire d’importantes distorsions de concurrence (coût du travail par exemple).

Surtout, il n’y a pas, depuis, de vision partagée de ce que devrait être le projet européen, dans un contexte politique incertain. Le rapport pointe aussi du doigt le poids des normes sanitaires, environnementales lié à leur surtransposition et d’une manière générale l’omniprésence du droit et des interprétations juridiques au détriment de l’orientation politique.

Ses « propositions pour mieux d’Europe » seront soumises aux votes des adhérents lors du congrès de Brest, qui se tiendra les 28 et 29 mars prochains. Y est notamment soumise l’idée de constituer un groupe de tête de pays « pionniers », qui ouvrirait « la voie à une véritable union économique, financière bancaire et budgétaire ». Pas pour créer « une Europe à deux vitesses », prévient Jérôme Volle, rapporteur, mais « une Europe qui initie, qui expérimente et qui voit ce qui est possible de faire ».

La FNSEA appelle aussi à revoir les règles de décision communes qui devraient être basées sur un système de majorité et non un droit de véto ou de blocage. Le syndicat réaffirme par ailleurs la nécessité de conserver les aides directes comme « socle important » de la Pac. Elle pose trois mots-clés comme nouvelle devise syndicale sur la scène européenne : « compétitivité, durabilité et résilience face à la volatilité des cours, aux aléas climatiques, sanitaires, environnementaux… »

Christiane Lambert seule en lice

Le congrès de Brest sera aussi occasion d’élire un nouveau conseil d’administration et de confirmer la candidature de Christiane Lambert à la présidence du syndicat. Seule en lice à ce jour, elle devrait accéder officiellement au poste le 13 avril 2017. Avec une méthode de travail bien à elle : « Je ne suis pas Xavier Beulin. Je n’ai pas sa capacité de travail, a-t-elle confié à la presse. J’ai un profil de coach d’équipe de handball et je souhaite avancer en équipe. »

Alain Cardinaux et Philippe Pavard

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