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Crise sanitaire Le cuir français « au bord de la rupture »

Dès le début confinement pour lutter contre le Covid-19, les collecteurs de peaux ont été pris en étau. Alors que les abattoirs ont continué de fonctionner, les activités de fabrication et de distribution du cuir étaient quasi à l’arrêt. Face à la chute de la demande, les frigos et les entrepôts de stockage débordent.

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« Entre janvier et avril 2020, la production de cuirs et peaux finis a connu une baisse de 30 à 35 % sur un an, rapporte Frank Boehly, président du Conseil national du cuir (CNC). Entre mars et avril, l’industrie du cuir a recensé une chute d’activité pouvant atteindre 90 %. » Pour autant, pendant le confinement, le ramassage des peaux de bovins, veaux, ovins et caprins en abattoir s’est poursuivi. Confrontée à un maillon de fabrication au point mort, la cinquantaine d’entreprises concernées (350 millions d’euros de chiffre d’affaires) accuse le coup.

 

« Dès la fin d’avril, les frigos et hangars de stockage pour les produits salés étaient pleins. Les unités d’abattage n’étant pas équipées pour stocker les peaux, les collecteurs n’avaient d’autre choix que de maintenir leur activité, malgré des ventes quasi inexistantes », explique le président du CNC. Aujourd’hui, près de deux millions de peaux d’ovins ne trouvent toujours pas preneur.

« Passé quatre mois, les peaux se détériorent »

« La filière du cuir s’est retrouvée dans une décorrélation complète entre le besoin immédiat de stockage et les surfaces disponibles, souligne Frank Boehly. Or pour agréer un entrepôt au stockage de peaux, les démarches administratives prennent six mois. » Traitées dans de bonnes conditions, les peaux ne se conservent que trois, quatre mois.

 

« Même si l’activité devait revenir à un rythme normal, une partie des peaux ne sera plus commercialisable. Les acheteurs de luxe, très attentifs à la qualité du cuir, risquent alors de se tourner vers d’autres fournisseurs étrangers », déplore Frank Boehly. Un gâchis, alors que la France rassemble le premier cheptel européen.

Des aides pour stocker davantage

Si les collecteurs ne représentent qu’un petit maillon de la chaîne, ils sont pourtant essentiels au bon fonctionnement de la filière de l’élevage et de celle du cuir. Dans ce contexte difficile, « le Syndicat général des cuirs et peaux a demandé au ministère de l’Agriculture une aide administrative, pour ouvrir davantage de lieux de stockage, et une aide financière pour accompagner les entreprises en crise, indique le président du CNC. Nous espérons que le nouveau ministre se préoccupera de ce secteur, sous peine qu’il disparaisse. »

 

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