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Broutards L’Italie donne toujours le « la »

Les liens se renforcent entre la France et son partenaire historique.

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En 2016, l’Italie a absorbé 77 % des exportations françaises d’animaux maigres, contre 72 % en 2015. Le nombre de têtes échangées a, quant à lui, progressé de 10 %. Parallèlement, la France renforce son statut de fournisseur quasi exclusif des engraisseurs italiens passant de 93 à 94 % des parts de marché sur les 5 premiers mois de 2017.

Une conjoncture favorable

En ce début d’automne 2017, la conjoncture italienne est plus favorable que l’an passé. Les cours affichaient une hausse de 8 à 10 % (4,30 €/kg net) au marché de Modène mi-septembre. De quoi faire souffler un léger vent d’optimisme chez les engraisseurs. « Le prix de la viande n’a pas chuté cet été, car l’offre a été globalement moins importante. Les femelles importées plus massivement de France durant le premier semestre ont produit des carcasses moins lourdes que celles des mâles, explique Gian-Pietro Borgogna, directeur commercial de Parma France, exportateur franco-italien qui fait rentrer chaque année 250 000 broutards en Italie. Une affluence touristique en hausse de 18 % durant l’été est aussi à l’origine d’une consommation estivale supérieure à la moyenne. »

Quand le cours de la viande se porte bien en Italie, le prix du maigre augmente en France. Les cours des broutards hexagonaux, en ce début de saison de vente, en témoignent une fois de plus. La relation entre des éleveurs allaitants français faisant naître des veaux sur des systèmes herbagers, et des éleveurs italiens produisant du maïs propice à les engraisser s’est instaurée au fil des décennies comme un mariage de raison. Mais si la qualité de la génétique française n’a jamais été remise en cause par ses acheteurs transalpins, le marché n’en reste pas moins compliqué. En effet, adapter la production des uns aux besoins des autres reste un souci permanent de chaque côté de l’arc transalpin. « Le marché de la viande a considérablement évolué ces dernières années. La filière italienne poursuit une restructuration qui génère des changements d’orientation auxquels nous sommes contraints d’associer nos fournisseurs principaux, pour ne pas dire quasi exclusifs, que sont les éleveurs français », expliquent de concert les opérateurs commerciaux.

En amont, cette restructuration va dans le sens d’une disparition des petites exploitations et d’un agrandissement des autres. Les plus grandes investissent quant à elles dans des unités de biogaz compensant certaines années les déficits de l’engraissement. À l’aval, les unités d’abattage se concentrent aussi. En 2016, le premier abatteur d’Italie, Inalca (groupe Cremonini), a repris Unipeg, second opérateur de la péninsule. Ce leader pèse désormais 850 000 têtes par an, dont un tiers sont des bovins issus de broutards français. « 80 % de ces animaux sont intégrés dans des filières assurant un débouché et un paiement aux éleveurs, et un approvisionnement programmé donc régulier aux distributeurs. Le prix de vente n’est pas contractualisé, il est celui du marché au moment des ventes », explique Gian-Pietro Borgogna. Inalca travaille en amont avec Parma France et en aval avec Coop Italia, poids lourd de la distribution en Italie.

Besoin d’animaux légers

Pour Benoît Albinet, directeur commercial de Deltagro, groupe coopératif français exportant 210 000 bovins par an, dont 180 000 broutards, « le marché actuel devrait se maintenir. Les échanges commerciaux sont actifs avec l’Italie, qui importe moins d’animaux des pays de l’Est, ces derniers étant achetés par la Turquie. Nous devrons toutefois pouvoir fournir des produits adaptés au marché, à savoir des animaux plus légers. Le poids d’achat idéal se situe aujourd’hui à 350 kg en limousin et croisés races rustiques/charolais, de 370 à 400 kg en charolais purs. La grande distribution exige des carcasses plus légères, dont les pièces moins conséquentes correspondent au pouvoir d’achat et aux envies du consommateur d’aujourd’hui. »

Ceci explique le regain d’intérêt pour les femelles, également appréciées pour leur tendreté et le goût de leur viande, plus grasse. Elles attirent de plus en plus de bouchers du sud de l’Italie. « Le délai d’attribution de la prime nationale à l’abattage abaissé de 7 à 6 mois de présence depuis 2016 explique également cet engouement pour les femelles, plus faciles à finir en six mois que des mâles », poursuit Benoît Albinet. « Une rotation plus rapide des animaux dans les ateliers d’engraissement a convaincu les engraisseurs. Elle accélère de fait le rythme des achats de bétail maigre », confirme Daniele Bonfante, président d’Azove, une coopérative commercialisant 50 000 bovins par an. La structure regroupe treize centres d’engraissement et une société d’abattage où transite plus de 70 % de sa production. « Bien que la conjoncture soit plus favorable, il convient de rester prudent, car ne nous ne savons pas ce que vaudra la viande dans six mois. »

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