Le billet d’Édouardde Frotté Vers le transhumanisme ?
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On ne réparera plus, on augmentera l’être humain ; ça ne veut pas dire qu’il fera 120 kg de moyenne mais que, grâce à la technomédecine, aux ingénieries génétiques, à l’intelligence artificielle, à l’ubérisation et j’en passe, une révolution transhumaniste nous permettra de vivre deux cents ans et en bonne santé.
L’ancien ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry, s’est fait l’apôtre de cette « révolution » qui corrigera, dit-il, les inégalités naturelles. Pour enfoncer le clou, il affirme que « ce n’était pas mieux hier. » On le suivra sur ce point, car ce qu’on appelle « le bon vieux temps », n’est souvent que la perception du monde quand on était jeune et beau, en comparaison de l’actuel, quand on se sent vieux et décati. D’autre part, on saluera une évolution qui facilite la vie, éloigne la souffrance et repousse la mort.
Reste que la « révolution », mise à toutes les sauces, risque à la fin d’être interprétée comme le rejet des acquis. Mais la vraie difficulté commence, quand, pour asseoir semblable croyance, on nous présente la création comme un mythe susceptible d’entraver un avenir lumineux.
« La nature n’est pas morale, elle est aveugle », affirme Luc Ferry ; le loup mange l’agneau, le lion l’antilope et pourtant, ce n’est pas du domaine du désordre mais du domaine d’un ordre antérieur à la venue de l’homme. Dans la Genèse et dans d’autres intuitions liées à l’histoire de nos origines, l’homme qui, par sa seule intelligence, prétend se substituer à la création est chassé du jardin originel où pourtant les plantes devaient aussi se disputer sans pitié leur place au soleil.
Érigé en culte, la puissance du savoir, en se repliant sur lui-même, ne laisse guère de place à la fraternité. Et à tout prendre, je préfère Mère Teresa aux ingénieries génétiques de l’avenir.
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