Énergies renouvelables La méthanisation à l’épreuve de la flexibilité
En France et en Europe, les positions divergent sur la variation ponctuelle de production. Pour l’heure, aucun dispositif ne l’encourage dans l’Hexagone, contrairement à l’Allemagne.
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C’est un sujet d’opposition entre la France et plusieurs de nos voisins européens. Si à l’intérieur de nos frontières, il n’est pour le moment pas question de parler de flexibilité pour la filière de la méthanisation, la loi EEG sur les énergies renouvelables en Allemagne assume complètement ce virage libéral.
Lors de la conférence sur la commercialisation directe du biogaz et la flexibilisation de la production, organisée ce jeudi 13 octobre par l’Office franco-allemand pour la transition énergétique, au ministère de l’Environnement, la position française s’est surtout expliquée par une volonté de travailler en priorité la flexibilité des usages et non de la production.
Prime de flexibilité de 130 €/kW
Outre-Rhin, il existe une prime de flexibilité pour les installations produisant de l’électricité à partir de biogaz. Elle vise à encourager la mise à disposition d’une puissance électrique supplémentaire. L’objectif est de mettre en adéquation production et besoins. Les moyens utilisés pour y arriver sont l’installation d’une centrale de cogénération supplémentaire ou la substitution de la centrale pour une de capacité plus importante.
La prime de flexibilité est versée sur une durée maximale de 10 ans. Son montant est de 130 €/kW électrique par an pour la capacité de production supplémentaire au profit de la flexibilité. À l’été 2015, 3 000 installations étaient inscrites au dispositif d’accès à la prime de flexibilité, pour une puissance cumulée de 1 700 MW électriques. Et au-delà de 150 kW de capacité de production, la flexibilité devient obligatoire.
Flexibilité multi-usages
Du côté français, point de flexibilité. Le sujet n’est a priori pas à l’ordre du jour. À vrai dire, tout le monde attend plutôt le nouveau tarif d’achat de janvier 2017. Et à parler de flexibilité, la filière préfère plutôt plancher sur les usages. « Nous sommes plutôt sur des problématiques de territoire » confie ainsi Philippe Collin, président de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France.
« Les collectivités sont demandeuses en biogaz porté, en réseaux de chaleur. On croit plus à une flexibilité multi-usages qu’à des montées en puissance. On ne vise pas 8 000 unités mais des unités efficaces ». Philippe Collin admet cependant que les agrégateurs, les intermédiaires qui revendent l’électricité sur le marché, sont à observer. « Ils représentent un sujet intéressant à discuter. »
Une filière encore jeune
La position des opérateurs n’est en outre pas des plus enthousiastes. Eux préfèrent une certaine stabilité plutôt que se risquer à l’incertitude et des insuffisances dans l’accompagnement financier de la flexibilité. La France pourrait aussi pêcher techniquement à cause de problèmes liés à des absences de points de raccord aux réseaux. Un sujet déjà délicat sur les réseaux électriques et de gaz.
Il est vrai que la filière de la méthanisation à la ferme est encore jeune en France, où on ne dénombre pas plus de 300 installations. L’expérience sera donc à chercher plutôt du côté de l’Allemagne, mais avec certaines limites. En effet, si ce pays cherche à augmenter sa production de chaleur, la prime de flexibilité est dans le même temps limitée à 10 ans. La visibilité reste de courte durée.
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